Alors que le pays tout entier semble cristallisé sur des questions de retraite, la vie parlementaire continue son train-train législatif dont les rails passent consciencieusement sur nos libertés : dans un vote qui n’a déclenché aucune inquiétude de la part des journalistes et des chroniqueurs habituels, les députés viennent d’autoriser l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique.
Derrière ces mots compliqués se cache en réalité l’étape suivante de la surveillance de masse que le gouvernement entend imposer aux turbulents citoyens dont il s’estime avoir la charge : il s’agit d’autoriser l’analyse automatique des quantités massives d’images de caméras de surveillance dont les principales agglomérations du pays sont maintenant saupoudrées, afin d’y retrouver tel délinquant, tel fuyard ou tel terroriste qui croiraient trouver un refuge dans la foule et, dans quelques années, tel contribuable qui a quelques jours de retard sur ses impôts puis tel individu qui a osé rouler en voiture thermique ou manger deux fois de la viande la même semaine…
Bien évidemment, pour arriver à faire passer la mise en place de ces nouveaux miradors numériques, le ministère de l’Intérieur n’a pas hésité à (sur)jouer la carte des Jeux Olympiques : selon l’actuel détenteur du maroquin correspondant, cette nouvelle loi se justifie car « À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels »… Alors même que la mise en œuvre de cette technique ne concernera pas que ces Jeux et s’appliquera en réalité à toutes les “manifestations sportives, récréatives ou culturelles” en général, qui “par leur ampleur ou leurs circonstances, sont particulièrement exposées à des risques d’actes de terrorisme ou d’atteintes graves à la sécurité des personnes” (définition dont le flou a l’avantage d’englober tout et n’importe quoi).
En substance, toute personne ayant un “comportement anormal” pourra se faire épingler par ce type de surveillance, charge au décret à venir de définir tout ça précisément (promis juré).
En pratique, la France se retrouve être maintenant le premier pays européen à avoir autorisé l’utilisation massive de la surveillance biométrique (car il ne s’agit que de ça, en réalité) sur sa propre population.