Enième scandale de dilapidation de l'argent public qui met d'autant plus mal à l'aise que le programme public en question a été lancé au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty, quand Marlène Schiappa était alors la ministre chargée de la Citoyenneté.
Un organisme d’État, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), dirigé par le préfet Christian Gravel, était chargé de gérer un fonds, baptisé « Marianne », destiné à financer des actions pour « promouvoir les valeurs républicaines et combattre les discours séparatistes ». Un fonds doté d'un peu plus de 2 millions d’euros. Comme le déclarait, en avril 2021, Marlène Schiappa, sur BFM TV, alors qu'elle était ministre délégué à la Citoyenneté auprès de Gérald Darmanin, ce fonds devait financer des associations pour mener le combat « sur les réseaux sociaux et sur les plates-formes en ligne ». Elle ajoutait : « Avec 2,5 millions d’euros, on peut faire beaucoup de choses pour défendre les valeurs de la République. »
Mais voilà, comme trop souvent, derrière le beau vernis des intentions et de la communication, il y avait un loup, et même plusieurs. Un petit scandale de plus dans la République macronienne. D'abord, les journalistes révèlent le manque de transparence auquel ils se sont heurtés pour savoir comment ces deux millions avaient été distribués. Ensuite, à force de persévérance, ils ont appris qu'une partie de cette grosse somme a été utilisée de façon très contestable par certains bénéficiaires : « Plusieurs ont reçu quelques dizaines de milliers d’euros. Trois structures se partagent à elles seules 1 million d’euros, soit la moitié du fonds. Pour certaines de ces 17 associations, le travail fourni est évident. Mais, pour d’autres, il n’est pas toujours très convaincant et mériterait qu’on y consacre plus de temps. » Dans le viseur : l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), qui a raflé plus de 350.000 euros. Apparaissent alors deux noms, celui, bien connu dans le milieu de la lutte contre l'islamisme, de Mohamed Sifaoui, et celui d'un certain Karunagaran. D'après Marianne, tous deux ont été largement et directement bénéficiaires de cet argent public. « Au total, les deux hommes recevront de ce compte pour "salaire" plus de 120.000 euros net », soit entre 3.280 et 3.500 euros nets mensuels pour Sifaoui. Or, Marianne relève qu'en tant que dirigeant et administrateur de ladite association, les deux hommes ne pouvaient recevoir de tels salaires. Depuis l'enquête, ils auraient d'ailleurs remboursé certaines sommes...
Et puis se pose, bien sûr, la question de la réalité et de l'efficacité des actions entreprises par l'association. Et, donc, du contrôle de l'État et de la légèreté de Marlène Schiappa dans la distribution de ces deniers.
Elle va faire quoi, la prochaine fois, la Macronie, pour cacher le scandale de l'ensemble de son œuvre ? Une fête techno réunissant le gouvernement dans la cour de l'Élysée ou dans une boîte en Afrique ?