Eh bien, oui ! Figurez-vous que le Parlement européen, au mépris de toutes les crises qui secouent le continent, a adopté mardi « le paquet Fit for 55 », soit cinq textes concernant le marché du carbone désormais étendu aux particuliers via les transports et le bâtiment.
Petit rappel de ses applications : dans les zones à faible émission (ZFE), interdiction de circulation des véhicules classés Crit’Air 5 au 1er janvier 2023 (déjà en vigueur), Crit’Air 4 en 2024, Crit’Air 3 en 2025; interdiction de la vente des voitures thermiques à l’horizon 2035 ; interdiction de vendre ou louer un logement classé E ou F à partir de 2035 ; hausse des coûts de l’énergie…
En effet, au moment où nous faisions nos courses de Noël, le nez rivé sur l’inflation galopante (exactement dans la nuit du 17 au 18 décembre 2022), les eurodéputés et les États membres avaient acté la création d’un second marché carbone « incluant les distributeurs qui fournissent des carburants pour le chauffage des bâtiments et le transport routier », système voté le 18 avril et qui entrera en vigueur à partir de 2027. Avec le louable objectif, comme toujours, de réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe, et ses conséquences désastreuses, comme toujours aussi.
Des voix « autorisées » s’étaient pourtant élevées pour dénoncer ce qui découlerait inévitablement de telles mesures, à savoir creuser les inégalités, pénaliser les ménages les moins aisés et… réveiller les gilets jaunes, pour ne parler que d’eux.
C’est l'Insoumise Manon Aubry qui s’est indignée devant l’Assemblée (clairsemée) du Parlement européen : « Ce n’est pas aux classes populaires de payer le coût de la transition écologique ! », dit-elle. Et de rappeler que ses collègues de Renaissance, notamment Marie-Pierre Védrenne, pourtant en charge des négociations de son groupe sur le Fonds social du climat, avait tenu ce même propos dans une interview d’EurActiv. « Et que font-ils, trois mois après ? » dit Manon Aubry. « Ils votent, l’air de rien, un dispositif qui élargit la taxe carbone aux ménages. Et, donc, ils acceptent de faire payer les particuliers, et en particulier les ménages les plus précaires. À croire définitivement qu’ils n’ont rien appris de la crise des gilets jaunes ! »
Pendant ce temps, les grandes entreprises voient leurs quotas, c’est-à-dire leurs droits à polluer (que certains revendent grassement), prolongés jusqu’en 2036…