À l'approche des Jeux Olympiques, le gouvernement veut inciter des milliers de sans-abri, principalement des migrants, à quitter la région parisienne pour la province, arguant de la baisse du nombre d'hôtels prêts à les héberger, mais ce dispositif suscite inquiétudes et interrogations.
De nombreux hôteliers ne souhaitent en effet plus accueillir ces publics précaires car ils attendent un afflux de clientèle lors de la coupe du monde de rugby l'automne prochain, et des JO en 2024, observait début mai à l'Assemblée nationale le ministre du Logement, Olivier Klein. Près de 5000 chambres ont ainsi été perdues pour l'hébergement d'urgence, précisait de son côté la députée (Modem) Maud Gatel.
Depuis la mi-mars, l'exécutif a donc demandé aux préfets de créer des «sas d'accueil temporaires régionaux» dans toutes les régions, à l'exception des Hauts-de-France et de la Corse, afin de «désengorger les centres d'hébergement» d'Île-de-France. Les personnes invitées à partir sont censées être prises en charge pendant trois semaines dans ces «sas» avant d'être «orientées», dans leur nouvelle région, «vers le type d'hébergement correspondant à leur situation».
Le dispositif concerne surtout des migrants, très nombreux en Île-de-France à vivre dans la rue ou en hébergement d'urgence. Toutefois il ne les vise pas spécifiquement, en vertu du «principe de l'accueil inconditionnel», a précisé à l'AFP le cabinet du ministre du Logement. Désignée par le gouvernement pour accueillir un tel centre d'accueil, la ville de Bruz, (18.000 habitants, près de Rennes), a fait part mardi de son mécontentement.
«Nous ne sommes pas favorables à l'installation d'un tel sas sur notre commune, dans ces conditions que nous jugeons indignes», a fait savoir le maire Philippe Salmon (DVG). La mairie bretonne critique le choix du terrain, jouxtant une voie ferrée et «pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds», et affirme que les futurs occupants du centre d'accueil ne viendraient pas «par choix».
On peut par ailleurs «s'étonner de la concordance de l'arrivée des Jeux Olympiques et d'un programme qui vise à envoyer les migrants en province», commente Éric Constantin, responsable de la fondation Abbé Pierre, qui se demande si le gouvernement ne veut pas surtout faire en sorte «qu'il n'y ait plus de campements avant l’arrivée des JO».
Qu’est-ce que tu vas imaginer là, Eric, voyons !