C’est en 1990 que le cinéaste « communiste » italien Giovanni Moretti (dit Nanni Moretti) livrait au public progressiste un film non dénué d’intérêt esthétique et politique. Intitulé La Cosa (La Chose), cet opus semi-documentaire était consacré aux débats internes du PC Italien à la veille de son congrès d’autodissolution. Au micro d’une conférence de section filmée par Moretti défilaient de sympathiques militants italiens qui, en l’absence de réponses appropriées émanant de leur direction, étaient complaisamment incités par le secrétaire général d’alors du PCI, le fourbe Achille Occhetto, à s’abandonner à une thérapie de groupe empreinte d’un subjectivisme échevelé...
Pendant que la base communiste était ainsi conviée à s’introspecter de la manière la moins marxiste, la moins scientifique et la moins bolchevique qui fût, les sinistres apparatchiks bourgeois qu’étaient en fait les Occhetto, Veltroni, D’Alema, Napolitano et autres admirateurs zélés de… J.-F. Kennedy (!) savaient parfaitement, eux, où ils voulaient mener le PCI totalement déboussolé : ces navrants émules du liquidateur Gorbatchev et de son défunt précurseur italien, le très « eurocommuniste » Enrico Berlinguer, avaient froidement décidé, sous les hourrahs anticipés de la bourgeoisie et de la social-démocratie mondiales, de liquider purement et simplement le PCI, ce parti de masse aussi fortement implanté dans les usines FIAT que dans l’intelligentsia romaine. L’objectif était bel et bien de substituer au parti construit par Antonio Gramsci et Palmiro Togliatti (deux millions d’adhérents à son apogée !) une « Cosa » idéologiquement invertébrée et excluant enfin tout danger pour l’oligarchie atlantiste : le futur Parti démocratique de gauche (PDS en italien, PDG en français ! ).
Pour parachever cet utile mais navrant rappel historique, il faut rappeler que, sitôt le PCI supplanté par le PDS social-démocrate, ce dernier fut à son tour effacé au profit d’un «Parti Démocrate » à l’américaine (l’actuel PD, Partito Democratico). Lequel rompait aussitôt tout lien organique avec le prolétariat, avec le marxisme, fût-il vestigial, avec la CGIL encore trop rouge, voire avec la figure tutélaire de Gramsci, dont le nom prestigieux fut prestement retiré de la manchette de Rinascità, la revue culturelle liée au Parti. Quant à L’Unità, l’ex-quotidien du PCI, sa version papier préalablement expurgée de l’étoile rouge et des outils communistes fut promptement éliminé par le nouvel appareil politique…
Vite fait, bien fait : la grande bourgeoisie italienne doit finalement autant de remerciements aux Berlinguer, Occhetto, Napolitano et Cie que les oligarques « post-soviétiques » doivent au monstrueux Eltsine qui, parachevant ce que les Russes appellent désormais, expérience faite de sa toxicité, la « catastroïka », a su prendre et dynamiter « à partir du donjon » l’imposante citadelle soviétique que n’avait pu conquérir du dehors l’ « invincible » Wehrmacht hitlérienne !
En France, la citadelle du PCF défendue par Georges Marchais a été abattue par Mitterrand, Canal+ et Robert Hue (l’ancien chanteur de rock).