Matthieu Lartot, qui commente les matchs de rugby sur le service public, a dû rêver enfant d’une carrière militaire. A l’entendre, les joueurs sont tour à tour « des soldats, des guerriers, des combattants ». C’est là son vocabulaire. Au sujet d’un joueur qui n’a pu être aligné sur le terrain, il dit de lui qu’il est « tombé au combat » dans un match précédent. Quand un autre, victime d’un coup violent, fait l’objet d’un protocole commotion, il précise que cette procédure nécessaire permettra de savoir si ledit joueur pourra « retourner au feu». Quand une équipe est privée de ballon, elle « manque de munitions ». Quand un ailier s’échappe, qu’on croit l’essai inévitable, mais qu’il est rattrapé par ses adversaires, il est «pris par la patrouille ».
L’autre soir, un vaillant « soldat » français, tombé dans une embuscade sur le « champ de bataille », a eu la mâchoire fracturée par un lâche « guerrier » de Namibie, petit pays africain désertique – autant dire inutile – qui n’a même pas la force de dissuasion nucléaire. J’espère qu’on va pour le moins convoquer son ambassadeur à Paris et que les soldats désœuvrés de l’opération Barkhane sont déjà à la frontière de ce pays ennemi.