Vous décidez d’aller au Louvre voir l’exposition « Naples à Paris ».
Les chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte sont répartis dans plusieurs salles. Discipliné, vous voulez les prendre dans l’ordre. Premier contrôle, direction le pavillon de Sully. Vous grimpez les volées de marches – les ascenseurs sont en panne – et puis… et puis rien : les salles sont fermées. « Elles ouvriront peut-être à 10 heures, dit un brave gardien, en attendant, vous pouvez aller voir au pavillon Denon, c’est peut-être ouvert. Vous redescendez, c’est à gauche. »
Vous redescendez donc, croisez ceux qui, ahanant, n’ont pas encore atteint le premier niveau. Re-queue, re-contrôle. C’est la foule des groupes qui « font l’Europe en trois jours » et se pressent pour aller dire bonjour à Mona Lisa. La montée des marches vers la Victoire de Samothrace est, pour beaucoup, un calvaire. Car là aussi, les ascenseurs sont en panne. On se demande combien de ces touristes obèses ne finiront pas la journée…
Enfin, vous voilà dans la grande galerie de la Renaissance italienne, Vinci sur la gauche. Bonjour à La Belle Ferronnière. Ça grouille de monde, et plus vous avancez, plus tout ce monde se tasse.
C’est fini. Personne ne verra la Mona Lisa de Léonard et vous ne verrez pas les trésors de Naples. Des cordons ont été tendus en travers de la galerie et le personnel vous montre la sortie. Le troupeau de veaux obtempère. Il n’y a que vous pour poser la question : pourquoi ne peut-on pas voir l’exposition pour laquelle on est venu au Louvre ? Réponse : «Parce qu’il y a une réunion » (sic).
C’est là, quelque part, dans une salle, et tant pis pour le public qui a payé son ticket d’entrée 15 euros (17 euros pour la réservation en ligne). En 2022, le musée a reçu 7,2 millions de visiteurs. En 2018, ils étaient plus de 10 millions. Faites le compte.
Après enquête auprès du musée, on apprend qu’il s’agissait d’une assemblée générale du personnel. Confidence d’une titulaire de la carte des Amis du Louvre : « Les AG à 9 heures et qui durent ne sont pas rares. Ils se moquent du public ! La France va finir par payer cette gabegie… »
Comme tous les musées nationaux, le Louvre est fermé au public le mardi. Pourquoi, alors, les réunions en question n’ont-elles pas lieu le mardi ? « Parce que c’est pas facile » (re-sic), répond le service de com'. Tout cela témoigne d’un mépris total du public, tout juste bon à dépenser son argent dans les innombrables boutiques qui jalonnent le parcours et qui, elles, ne sont jamais fermées.