«J'ai fait ce que j'ai pu», souhaitait-il que l'on grave sur sa tombe. De son vrai nom Jacques Peyroles, l'écrivain et journaliste Gilles Perrault s'est éteint à l'âge de 92 ans, au cours de la nuit du 2 au 3 août, dans sa demeure de Sainte-Marie-du-Mont (Manche). Fils des avocats et résistants Georges Peyroles et Germaine Merlot, devenue députée MRP à l'Assemblée nationale après la guerre, l'auteur du célèbre Pull-over rouge (1978) était notamment connu pour ses écrits historiques et polémiques.
Né le 9 mars 1931 à Paris, celui qui, peu après des études de droit, embrassa une brève carrière d'avocat, interrompue par son appel sous les drapeaux, confiait: «Ça m'agace d'être perçu par certains comme une espèce de Zorro qui va chercher des bonnes causes à défendre. Les bonnes causes, elles me tombent dessus.»
Ancien avocat, Gilles Perrault avait beaucoup pesé dans les années 1970 en faveur de l'abolition de la peine de mort en publiant son ouvrage phare, "Le Pull-over rouge", un livre enquête sur l’affaire Christian Ranucci, condamné à mort à 22 ans sous le gouvernement Giscard, et victime indiscutable d'une erreur judiciaire.
En plus de 70 ans de carrière, Gilles Perrault a signé plusieurs dizaines d'ouvrages d'aventure, d'espionnage ou d’enquête, dont le célèbre Notre ami le roi, un livre dévastateur sur le roi Hassan II. Pour le trentième anniversaire de sa parution, il avait donné un entretien à Orient XXI sur cette enquête qui lui avait laissé un souvenir vivace et dont il évoque, avec émotion, depuis sa maison d’un village normand, le tsunami politico-diplomatique qu’il provoqua à sa parution, en septembre 1990.
(https://orientxxi.info/magazine/maroc-france-notre-ami-le-roi-un-tremblement-de-terre,4136)
Ce qu’on connaît moins, c’est le soutien qu’il apportait au mouvement basque armé d’ETA. Il le rappela dans l’ouvrage collectif « Plumes de Paix » paru en 2017, dans lequel il se référait, entre autres, à certains propos tenus par Nelson Mandela concernant l’utilisation de la lutte armée. Selon Mandela, rappelait Gilles Perrault, « un peuple opprimé a le droit et même le devoir de recourir à la violence ».
Gilles Perrault avait préfacé en 1994 un livre de Rolland Hénault « Les Murs de la Déraison » et échangeait régulièrement avec lui des lettres ou des mails.
Tu as beaucoup fait, Gilles Perrault, et tu l’as bien fait. En tout cas, mieux que moi qui annonce ta disparition avec plus de deux mois de retard. J’ai honte !