“Tout art est une imitation de la nature” “ Lettres à Lucilius”– Sénèque (4 av JC – 65 apr JC).
Le premier à formuler l’idée que la nature est un modèle pouvant inspirer les humains est sans nul doute Léonard de Vinci (1452-1519). Ce génie italien est pionnier pour théoriser le biomimétisme : à savoir s’inspirer de la nature pour développer le progrès technique.
Ce sont les arbres, les fleuves qui sont les grandes sources de son inspiration, y compris lorsqu’il peint un décor ou dessine un bâtiment. Sans parler des animaux qu’il aimait tant qu’il avait cessé de s’en nourrir. Son génie tient à sa capacité à faire des analogies entre la nature et la mécanique. Il étudia le vol et l’anatomie des oiseaux et imagina l’ornithoptère (du grec : ornithos : oiseau et pteron : aile) muni d’ailes qu’il pouvait battre à l’aide de leviers. Même si ce modèle original n’a jamais été construit, il prouve que la nature, ses formes, ses matériaux peuvent inspirer l’homme.
Si l’homme pense être le plus intelligent des espèces animales, beaucoup de ses inventions et de ses créations ont été inspirées de la faune.
N’est-ce pas le cas des trains les plus rapides du Japon qui ont un nez inspiré par le bec du martin-pêcheur ? En effet, ce bec aérodynamique permet à l’oiseau de pénétrer dans l’eau en gardant un maximum de vitesse. Ainsi, l’effet de choc ressenti dans les trains à grande vitesse à l’entrée des tunnels est fortement limité.
Les oiseaux ont particulièrement été un modèle pour optimiser les avions et les drones conçus à partir du vol des martinets et des colibris. Les colibris sont incapables de rester en place tout en ayant la capacité de voler latéralement et en arrière et les martinets vivent dans le ciel et vont même jusqu’à y dormir et y manger.
De même, les ailes des grandes chouettes et des hiboux volent de façon silencieuse, ce qui inspire les chercheurs pour créer un revêtement qui rendrait les pales des éoliennes quasi silencieuses.
Mais les reptiles peuvent étonner dans la mesure où les geckos se hissent sans peine sur les murs à la verticale et se déplacent sans difficulté sur les plafonds grâce à leurs pattes où se trouvent des lamelles recouvertes de poils microscopiques terminées par des spatules. Ce qui leur permet d’avoir une surface de contact importante. Les ingénieurs ont ainsi conçu des rubans adhésifs durables en se basant sur les pattes de ces petits reptiles.
Les serpents qui ont 10 fois plus de vertèbres que l’humain ont été un centre d’intérêt pour créer des snake bots, capables grâce à leur flexibilité d’effectuer des chirurgies dans les organes difficiles à atteindre par le praticien.
Une autre invention imitant la structure en forme d’écaille d’insectes luminescents pour rendre performantes les lampes LED inspirées des lucioles ou vers luisants.
Les insectes que l’on maudit bien souvent peuvent aussi nous inspirer. C’est le cas du moustique ou plus exactement de sa trompe en forme conique plutôt que cylindrique qui va aider en médecine à réduire de 33 % les aiguilles par rapport aux aiguilles classiques. Les injections d’insuline ainsi ne seront plus douloureuses. Ces aiguilles commercialisées à des millions d’exemplaires ont changé le quotidien de millions de diabétiques.
On peut remercier la mouche du vinaigre, appelée de son nom scientifique drosophile, d’avoir aider les scientifiques à concevoir un œil bionique pour permettre aux aveugles de voir.
Des insectes comme les fourmis malgré leur petite taille ont pu étonner des scientifiques de l’Université de Stanford en Californie parce qu’elles peuvent soulever plus de cent fois leur propre masse et plus encore si elles unissent leurs forces en formant de longues chaînes. À la suite de leurs observations, ces scientifiques ont conçu des robots minuscules pouvant mettre en commun leurs forces pour tirer une voiture de deux tonnes.
Cependant loin du respect des animaux, certains chercheurs conçoivent des animaux-robots sur le modèle des animaux-machines dans la 5e partie du Discours de la Méthode de René Descartes (1596-1650). De vrais insectes sont alors appareillés afin d’être guidés par des smartphones. C’est le cas du cafard-robot qui assure des fouilles épaulant des secouristes lors des grandes catastrophes.
Si l’homme s’inspire de la nature pour créer et inventer doit-il pour autant asservir celle-ci?