Huit policiers municipaux viennent d’être suspendus, suite à des accusations de violence. Le mois dernier, BFM TV publiait une vidéo venue du centre de supervision urbain (CSU) de Marseille fournie par Sébastien Florenti, un opérateur vidéo du CSU en conflit avec sa hiérarchie. Sur les images, deux policiers municipaux s’en prennent violemment à un individu apparemment aviné et inoffensif.
Seul le début de la scène est capté, puisque la caméra change rapidement d’angle pour s’arrêter sur le capot de la voiture de police. Un mouvement expliqué par Michel Choukri, secrétaire général FO à la police municipale de Marseille dans les colonnes du Figaro : « Quand une caméra n'est pas utilisée pendant trois minutes, elle se met en mode patrouille, c'est-à-dire qu'elle se met à tourner [...] et c'est ce qu'il s'est passé là. Elle a tourné toute seule. » Une version peu crédible, au vu de la rotation saccadée qui est effectuée, et mise à mal par des enregistrements sonores dévoilés le 1er juin dernier par La Provence.
Sur ces derniers, il est possible d’entendre les agents du centre de surveillance commenter les violences commises par leurs collègues sur le terrain : « Ne mets pas un taquet au mec ! Tu le mets au sol, tu le menottes et c'est terminé. Le taquet à la limite, tu le mets dans la voiture quand il n'y a personne qui te voit. » Ils s'interrogent, ensuite, sur la marche à suivre pour les couvrir. Cinq minutes plus tard, la cheffe opératrice adjointe appelle le chef d’équipage, elle lui donne des conseils : « Frérot, demande à X que lorsqu'il met deux droites comme ça, il se cache. Il ne se met pas en dessous de la caméra ! » Le chef de poste ajoute : « Ou il nous prévient ! » La cheffe opératrice adjointe reprend la parole, propose une autre méthode et laisse entendre, par la même occasion, que ce passage à tabac n’est peut-être pas un cas isolé : « Tu lui mets son petit coup en traître ! Mettez-lui comme vous savez faire ! »
Entre la diffusion de la première vidéo et cet audio, il s'est écoulé un mois. Un mois durant lequel Céline Lefléfian, la directrice de la police municipale, a tenté de minimiser les faits, tandis que Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité, et le maire socialiste Benoît Payan se sont dédouanés en affirmant ne jamais avoir eu connaissance des images. Ils ont, aussi, quasiment plus dénoncé « des tentatives d'instrumentalisation navrantes de l'opposition » que les violences policières de leurs agents, et rejeté la faute sur leurs prédécesseurs.