Lorsque l’on observe les couples politico-médiatiques passés ou actuels les plus en vue, la proximité sociale, culturelle, idéologique qui les caractérise semble évidente. Ainsi du couple Peillon-Bensahel : Nathalie Bensahel est née en septembre 1960 à Casablanca (Maroc). Après être passée par la rue Saint-Guillaume à Sciences-Po Paris, elle commence sa carrière de journaliste à La Vie Française, puis elle rejoint La Tribune en 1985, intègre Libération en 1991 avant de rejoindre la rédaction du Nouvel Observateur où depuis 2008, elle est chef de service de la rubrique « Air du temps ». Depuis la nomination de son mari, Vincent Peillon, comme ministre en mai 2012, elle ne s’occupe plus des questions d’éducation et de politique publique. Soulignons au passage que Vincent Peillon est le frère d’Antoine Peillon qui est journaliste à La Croix…
Autre couple médiatico-ministériel, le couple formé par Michel Sapin et Valérie de Senneville. Le couple s’est marié en décembre 2011 et avait pour témoin François Hollande. Michel Sapin et François Hollande sont en effet très proches, étant issus tous deux de la célèbre promotion Voltaire de l’ENA et ayant accompli ensemble leur service militaire. Valérie de Senneville (de son nom de jeune fille Valérie Scharre, divorcée du vicomte Benoît Denis de Senneville) est titulaire d’un DEA de droit international économique et d’une maîtrise de droit des affaires. Elle est également passée par l’IEP Paris où elle a obtenu un DEA de sciences politiques, puis a exercé comme juriste d’entreprise chez Goodyear et Seat avant d’intégrer, en 1991, La Vie judiciaire pour développer sa partie rédactionnelle. Devenue en 1997 journaliste spécialisé dans l’entreprise et la finances au quotidien économique L’Agefi, elle rejoint Les Échos en 2000 comme journaliste judiciaire où elle demande au comité d’indépendance éditorial de son journal de s’exprimer sur le rôle qui doit être désormais le sien.
Audrey Pulvar fut, elle, la très médiatique et très controversée compagne d‘Arnaud Montebourg, 3ème homme de la primaire socialiste pour les présidentielles de 2012 et ministre du redressement productif dans le gouvernement de Ayrault, avant leur rupture en décembre 2012. Si elle n’est pas passée par la rue Saint-Guillaume, elle sort de l’ESJ, autre séminaire du régime pour entrer dans la presse parisienne. Malgré ses dénégations, Pulvar est une journaliste militante, très proche du think tank socialiste Terra Nova, dont le fondateur était feu Olivier Ferrand, intime d’Arnaud Montebourg. Audrey Pulvar préside au sein du think tank, une commission sur le thème : « Le rôle de l’État sur le marché des médias » avec Louis Dreyfus et le professeur d’économie des médias (Paris II Panthéon-Assas) Nathalie Sonnac. En juillet 2012, elle était nommée à la tête du mensuel Les Inrockuptibles par Matthieu Pigasse, son propriétaire, lequel était également vice-président de la banque Lazard, choisie par Bercy (dont dépend Montebourg) pour conseiller le gouvernement sur le projet de création de la future Banque publique d’investissement… Comme on le voit, les couples ainsi formés par des hommes de pouvoir et des journalistes alimentent également les conflits d’intérêts.
À droite cette fois-ci, Marie Drucker a fait la couverture des magazines au bras de François Baroin, alors qu’il était ministre de l’Outre Mer. Marie Drucker est un pur produit de l’oligarchie. Fille du dirigeant de télévision Jean Drucker, nièce du journaliste et animateur de télévision Michel Drucker et cousine de l’actrice Léa Drucker. Elle collectionne les hommes riches et célèbres, passant de l’écrivain Marc Lévy à l’homme politique François Baroin. Celui-ci, fils d’un grand maître du Grand Orient, avait d’ailleurs été lui même journaliste au service politique d’Europe 1 de 1988 à 1992. Avant de se mettre en ménage avec Marie Drucker, il était marié à une journaliste de LCI, Valérie Broquisse dont il a eu trois enfants. Continuant sa quête d’hommes de la jet-set politico-médiatique, elle le délaisse en 2009 pour établir une liaison avec le banquier Matthieu Pigasse, dont la famille est très présente dans les médias : son oncle, Jean-Paul Pigasse a été directeur de la rédaction de L’Express. Son frère, Nicolas Pigasse, est co-fondateur du magazine Public, sa sœur, Virginie Pigasse, a travaillé au magazine Globe et lui-même est patron des Inrockuptibles…
Daniela Lumbroso, issue d’une des principales familles de la diaspora juive tunisienne, n’est pas mariée avec un homme politique à proprement parler, il n’en demeure pas moins que le couple qu’elle forme avec Éric Ghebali, ancien secrétaire général de SOS Racisme et de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) reste très proche du pouvoir. Comptant parmi les fondateurs des magazines Globe et du Courrier International, ancien membre du Conseil national du Parti socialiste, Éric Ghebali jouera un rôle actif mais discret en 2012, comme entremetteur du candidat et futur président François Hollande avec le milieu artistique (L’Express, 7 mai 2012) et fut l’un des organisateurs du meeting du Bourget.
« Anne Sinclair fait fondamentalement partie de ce petit monde de connivence intello-politico-médiatique, dont elle ne comprend même pas qu’il puisse énerver puisque c’est le sien », écrit Emmanuelle Anizon dans Télérama en 2003. Dominique Strauss-Kahn épouse en troisièmes noces, en novembre 1991, Anne Sinclair, alors journaliste à TF1 et présentatrice de l’émission politique télévisée « 7 sur 7 », elle-même divorcée du journaliste Ivan Levaï. Parmi les témoins des mariés figure la productrice Rachel Kahn (épouse du journaliste Jean-François Kahn). Membre du club Le Siècle, profondément engagé à gauche et marqué par ses racines juives, Anne Sinclair incarne la gauche caviar version tape-à-l’œil (ou bling-bling comme on dira plus tard). Dans Belle et Bête, un livre paru début 2013, la juriste Marcela Iacub décrira Anne Sinclair comme une femme perverse considérant DSK comme « son caniche » et convaincue qu’elle et son mari font partie de la caste des « maîtres du monde »… En août 2012, suite aux déboires érotico-judiciaires de DSK, Anne Sinclair confirme leur séparation avant de divorcer officiellement en mars 2013.
Dominique Strauss Kahn ne restera pas seul longtemps, sa nouvelle conquête est, comme Anne Sinclair, une femme des médias. Myriam L’Aouffir travaille en effet à France Télévisions comme responsable communication online & social media marketing. Née au Maroc où elle a passé toute sa jeunesse, elle prend en charge en 2007 les relations extérieures à l’Ambassade du Maroc. Elle est aussi connue au Maroc pour son engagement caritatif dans l’association Juste pour Eux, dont elle a été la présidente entre 2004 et 2011, et dont on retrouve comme parrain Gad Elmaleh (l’ex-compagnon de Marie Drucker…). Le monde de l’élite est un village.
Autre reine du P.A.F. à partager la vie d’un homme politique, Christine Ockrent est issue de la haute bourgeoisie libérale belge. Son père, diplomate fut l’ancien chef de cabinet du Premier ministre Paul-Henri Spaak. Christine Ockrent passera, comme tant d’autres, sur les bancs de l’IEP Paris et effectuera une brillante carrière dans la presse audiovisuelle. Elle est la première femme à présenter régulièrement le journal télévisé de 20 heures en France de 1981 à 1985 et reçoit le surnom de « reine Christine ». C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui choisira Christine Ockrent au poste de directrice générale de la future holding France Monde, appelée à coiffer l’audiovisuel extérieur public français (RFI, TV5Monde et France 24)… au moment même où son compagnon était ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon ! Christine Ockrent est par ailleurs une fidèle du groupe Bilderberg, membre de l’International Crisis Group, une « ONG » réputée proche de l’OTAN financée en partie par des entreprises privées, ainsi du l’European Council on Foreign Relations, un think tank influent en matière de politique étrangère.