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21 septembre 2024 6 21 /09 /septembre /2024 10:36

Comme le ressassent les médias, encore que très tardivement, Henri Grouès, alias l’abbé Pierre, était et resta jusqu’à l’extrême vieillesse, un vieux dégoûtant. Cela de notoriété publique, ce qui rend d’autant plus hypocrite l’indignation manifestée par ceux qui, aujourd’hui, feignent de déplorer sa concupiscence et déboulonnent à tour de bras ses statues, débaptisent les rues et les squares et même la fondation portant son nom. Cachez ce faux saint que je ne saurais voir !

Quelle tartuferie quand on sait qu’en 1963, à la suite d’agressions sexuelles sur des Québécoises, il fut contraint de quitter prestissimo Montréal et n’échappa à un procès que sous la condition expresse qu’il ne remettrait jamais les pieds au Canada. Et qu’en 1966, le cardinal Feltin, alors archevêque de Paris — fonction dont il profita en 1962 pour rendre facultatif, sinon déconseillé aux prêtres, le port de la soutane —, tenta de décourager l’ancien garde des Sceaux gaulliste Edmond Michelet d’offrir à l’abbé Pierre la rosette de la Légion d’honneur que celui-ci convoitait : « Laissez-moi vous assurer qu’à l’heure présente, cette distinction est fort inopportune, car l’intéressé est un grand malade, traité en Suisse dans une clinique psychiatrique et je pense qu’en raison de ces circonstances fort pénibles, il vaut mieux ne pas parler de cet abbé. Il a eu d’heureuses initiatives mais, il semble préférable, actuellement, de faire silence sur lui. »

La démarche ayant avorté, celui dont l’appel de l’hiver 1954 en faveur des pauvres avait fait une véritable idole finit commandeur et tous les Elyséeens passés, présents ou à venir encore vivants se pressèrent en 2007 à ses obsèques, quasiment nationales.  

Il est vrai que s’il cédait trop souvent à la tentation, le saint homme avait des excuses. « Il était environné littéralement de grappes de gens qui voulaient lui arracher les boutons de sa saharienne ou un poil de barbe pour le garder comme souvenir. Et il y avait énormément de femmes », a raconté le nonagénaire Pierre Lunel, écrivain et ami de vingt ans de l’abbé, à France Info. « Des mains innombrables le touchent comme s’il s’agissait d’un totem aux pouvoirs magiques (…). D’autres vierges folles tombent en extase devant lui (…). Il éprouve de plus en plus de peine à résister (…) aux tentations », avaient déjà rapporté de leur côté Gérard Marin et Roland Bonnet dans La Grande Aventure d’Emmaüs (éd. Grasset, 1969).

Portées par la vague MeToo, certaines de ces vierges folles sont-elles devenues les dénonciatrices d’aujourd’hui ?

Si la légende dorée en a pris un sacré coup, il est pourtant un reproche épargné à l’abbé Pierre qui, dans un épisode de sa vie au moins, pécha gravement contre la charité chrétienne. Alors député MRP, il s’opposa formellement au rapatriement des soldats du Bataillon d’Infanterie Légère d’Outre-Mer (BILOM) tombés en Indochine.

Un point d’histoire qu’il est bon de rappeler.

 

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