Extrait de "La météo dans le brouillard", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 19 septembre 2024 :
Que se passe-t-il à Météo France, une institution réputée pour son sérieux ? Le 8 janvier 2024, par exemple, son application pour smarphones n'a pas annoncé les fortes chutes de neige qui ont paralysé une partie du pays. "Pour les utilisateurs qui n'ont regardé que l'application, ils sont tombés des nues, se souvient François Giroux, représentant CGT des salariés de Météo France. Chacun pouvait regarder par la fenêtre, voir la neige tomber, et en regardant sur l'application de Météo France, et on avait simplement un ciel couvert."
La direction de Météo France ayant refusé d'ouvrir ses portes aux journalistes, ce sont trois représentants syndicaux qui vont évoquer le sujet devant ses locaux en banlieue de Lyon. Depuis quelque temps, des retours dans leur entourage les préoccupent. "Tiens, ce matin, j'ai pris mon vélo, je me suis fait rincer. C'est bizarre, c'est pas la première fois que ça arrive… Est-ce qu'il y a quelque chose qui a changé ?" Ces remarques leur auraient été faites après le lancement d'un nouvel algorithme, qui permet de réaliser les prévisions grand public sur internet et les smartphones. Ils soupçonnent cet algorithme de générer des erreurs parfois importantes.
Selon les syndicats, cet algorithme été conçu pour pallier une perte d'effectif de 20%. En huit ans, plus de 600 postes ont été supprimés chez Météo France. Jusqu'en novembre 2023, d'après les explications que les trois salariés ont données à "Envoyé spécial", ces prévisions destinées aux smartphones étaient réalisées par des météorologues dans sept centres régionaux. Depuis, le système a été entièrement automatisé, selon eux, avec une seule personne, basée à Toulouse, pour superviser le système. Et comme il ne serait pas possible de corriger les prévisions en temps réel, mais seulement toutes les six heures, les erreurs se seraient multipliées.
Désormais, les prévisions expertisées par des humains seraient réservées aux entreprises ou aux collectivités, qui payent un abonnement. "Nous n'avons plus les moyens pour faire les prévisions pour Mme Michu", aurait-il été justifié aux salariés. Un choix de mettre de côté la réponse grand public qui signifie la perte d'une partie des missions de ce service public qu'est Météo France, déplore Liénor Feuga, représentante du syndicat Solidaires de Météo France.
La direction de Météo France affirme que les bulletins d'alerte en cas de situations extrêmes restent gérés par des humains. L'automatisation n'aurait pas eu d'impact sur la qualité moyenne des prévisions, les principaux bugs informatiques lors de sa mise en place auraient été corrigés, et 48 nouveaux postes auraient été créés depuis l'an dernier…
Il en manque encore 552.
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