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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 09:50

Boualem Sansal est pro-français mais il est pro-marocain, le pire du pire.
Il le dit avec cette naïve sincérité qui fait partie intégrante de sa pensée totalement libre, et il le dit partout, même dans des médias jugés antialgériens et proche de la droite radicale française.
Non seulement il rejoint la France sur la marocanité de l’ancien Sahara espagnol, mais en plus il estime que toute une partie de l’Algérie au temps de la colonisation a été détachée par Paris de l’espace historique marocain qui va jusqu’à Tlemcen et Oran.

En fait, pour lui l’Algérie est une création de la France alors que le Maroc est un empire ancien et un État indiscutable, d’où la différence entre la départementalisation et le simple protectorat. Finalement, les Algériens devraient remercier les Français de les avoir inventés et de leur avoir donné un territoire si considérable, notamment vers le Sahara oriental marocain. Au Maroc, on ressort d’ailleurs des documents qui font référence à des promesses de restitution de territoires après une indépendance de l’Algérie à laquelle le royaume devenu indépendant a participé.

On comprend bien que le régime algérien, soudé artificiellement par la haine de la France et l’hostilité au Maroc, ne peut accepter un tel discours. Sansal risque donc en fait un procès pour trahison et mise en cause de l’intégrité territoriale, et, à 75 ans, il risque, sinon la mort, la réclusion criminelle à perpétuité.

Ne cherchez pas chez les pétitionnistes convulsifs de Mediapart une liste pro-Sansal… Non !
Là, pas un mot pour défendre la liberté d’expression quand elle ne va pas dans le bon sens de la gauche militante.

Certains cependant se mobilisent, comme le souligne France Info relayant cette fois l’appel de l’hebdomadaire Le Point qui fait honneur à la presse française : «Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, tous Prix Nobel de littérature, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli et Alaa el Aswany ont rejoint l’appel à la solidarité lancé dans l’hebdomadaire Le Point, samedi 23 novembre, par le Prix Goncourt 2024, Kamel Daoud. Parmi les signataires se trouvent aussi Sylvain Tesson, Leïla Slimani, Élisabeth Badinter, Bernard-Henri Lévy, Jean-Baptiste Andrea, Émilie Frèche, Caroline Fourest, Boris Cyrulnik ou encore Joann Sfar.

Dans ce texte adressé aux défenseurs de la liberté, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud évoque sa “profonde inquiétude”. Il estime que “cette nouvelle tragique est le reflet d’une réalité alarmante en Algérie, où la liberté d’expression n’est plus qu’un souvenir face aux répressions, aux emprisonnements et à la mise sous surveillance de la société entière”.

Pour Kamel Daoud, Boualem Sansal, 75 ans, “ressemble à un vieux prophète biblique, souriant. Il provoque les passions et les amitiés autant que la détestation des soumis et des jaloux. Il est libre et amusé par la vie”. Il poursuit avec ces mots : “Sansal écrit, il ne tue pas et n’emprisonne personne. Son innocence face à la dictature lui fit oublier la réalité de la Terreur en Algérie depuis quelques années. Il a négligé de regarder la meute qui l’attendait, il est retourné visiter son pays ce samedi-là. Il l’a payé cher.” »

 

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