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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 09:15

Amnesty International le considère comme un prisonnier d'opinion et l'Union Européenne comme un «défenseur des droits de l'homme». Depuis des années, Bassem Tamimi se bat pacifiquement pour les droits des Palestiniens. Un engagement qui a même valu à son village de faire la Une du «New York Times Magazine». 

Il a été arrêté à neuf reprises, mais malgré les pressions et les menaces, Bassem Tamimi ne veut pas baisser les bras. Inspiré par la Première Intifida de 1987, il mène une lutte pacifique contre l'occupation des colons israéliens en Cisjordanie. Une action sans arme ni violence suivie par tout son village de Nabi Saleh et qui fait aujourd'hui de lui l'un des leaders de la cause palestinienne. Cest après les attentats du 11 septembre 2001 que l'idée de «construire un modèle de résistance populaire» lui est venue, confie-t-il à ParisMatch.com. «Israël a commencé à faire le lien entre notre lutte légitime et le terrorisme dans le monde. Alors nous avons évalué la situation et nous sommes demandés comment reconstruire limage des Palestiniens auprès de la communauté internationale. Et nous avons choisi la résistance populaire comme stratégie pour atteindre notre objectif», explique cet homme de 46 ans pour qui se battre est devenu «un mode de vie». Pour lui, «le but est de mettre la pression sur l'occupant, sans jamais avoir recours à la violence».

Pas question, donc, d'aller manifester armes à la main. «Nous n'acceptons rien de ce qui pourrait conduire à un meurtre», assure ce père de quatre enfants. A la place des chars et des fusils, lui préfère le poids des mots. Toutes les semaines, son village - qui a fait la Une du «New York Times Magazine» en mars dernier - se réunit pour manifester, face aux soldats israéliens. Et contrairement à dautres communes qui eux aussi ont choisi la lutte pacifique, les femmes ont ici un rôle primordial. «Si nous voulons vraiment être libres, nous devons utiliser toute notre force. Et les femmes représentent la moitié de notre société et donc la moitié de notre pouvoir», lance Bassem. «De par la culture de résistance de notre village et son histoire, nous avons ici un haut niveau déducation et une réelle ouverture envers les femmes, que nous encourageons. Nos femmes doivent être fortes et capable de faire face à loccupation pendant que les hommes sont en prison», poursuit celui que l'Union Européenne qualifie de «défenseur des droits de l'homme».


«Nous savions que nous allions en payer le prix»

Régulièrement, les colons arrêtent en effet des manifestants. Depuis la Première Intifida, Bassem Tamimi a été arrêté neuf fois. Le 24 octobre dernier, il a été interpellé alors quil participait à une manifestation dans un supermarché à Shaar Benjamin, au nord de Ramallah avec une centaine de personnes. Il a finalement été libéré trois mois plus tard. En mail 2012, il a écopé dune peine de 13 mois. Amnesty International avait alors demandé sa libération immédiate et sans condition. Mais son expérience la plus douloureuse remonte à 1993: «Ils mont interrogé si violemment que jai été partiellement paralysé pendant plusieurs semaines. Finalement, ils mont relâché le jour-même, mais ma sur a été assassinée ce jour-là par une employée du tribunal». Pourtant, malgré le choc, il na jamais baissé les bras. «Quand nous avons commencé à nos battre pour nos droits, nous savions que nous allions en payer le prix», affirme celui qui «craint plus l'occupation que la résistance».

Inspiré par «Gandhi, Mandela, Luther King et toutes les personnes qui se battent pour leur liberté», Bassem sait que sa «cause est unique» et qu'il doit «créer [son] propre modèle pour devenir un exemple pour d'autres». Réfléchi, calme, l'homme avoue cependant avoir eu par le passé une vraie colère envers les Israéliens: «Je n'avais en tête que limage de ceux qui m'enfermaient, de ceux qui m'interrogeaient ou de celui qui a tué ma sur». Mais malgré cela, il «na aucune haine dans le cur». «Je suis les enseignements de Jésus: aimez vos ennemis». Et puis, depuis le début de la résistance populaire, Bassem a découvert «un autre aspect de la société israélienne». «J'ai appris à connaître ceux qui se battent aussi contre l'occupation et qui ont su faire évoluer leur mentalité et leur humanité. Ils sont devenus les partenaires de notre lutte, contre un ennemi commun: l'occupation et le sionisme».


«Palestiniens et Israéliens, nous souffrons tous à des degrés différents»

Pour trouver enfin la paix tant attendue, Bassem estime qu'Israéliens et Palestiniens doivent vivre ensemble: «D'après moi, l'objectif est que nous devons former un seul Etat. Ce que préconisent la communauté internationale et nos deux pays, à savoir mettre en place deux Etats n'est qu'un pas vers la solution ultime: un Etat démocratique pour tous les citoyens, avec exactement les mêmes droits pour tout le monde».

Mais pour en arriver là, les attentats suicides des Palestiniens doivent cesser, affirme le quadragénaire. «Cela dessert notre cause», commente-t-il. «Israël exploite ces attentats pour nous rendre, nous révolutionnaires non violents, illégitimes.  Nous avons la crainte qu'Israël nous pousse à utiliser la violence à nouveau, pour détruire notre image et nos actions», déplore-t-il, ajoutant qu'une paix politique «est impossible pour le moment». «Mais nous luttons avec l'espoir de trouver une solution bientôt, poursuit-il. Parce que nous tous, Palestiniens et Israéliens, souffrons de l'occupation, à des degrés différents».

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