Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il imagine, en 2022, une France en crise économique, sociale et morale ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il envisage, également, que des attentats terroristes quotidiens seraient tus par les médias ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il croit que Marine Le Pen serait au second tour de l’élection présidentielle contre Mohamed Ben Abbes, candidat de la Fraternité musulmane, polytechnicien énarque tenant un discours de modération?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il prévoit que les partis dits de gouvernement, pour rester au pouvoir, feraient barrage au Front national en s’alliant avec la Fraternité musulmane ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il ajoute que dans un accord de gouvernement, le parti islamiste abandonnerait les ministères régaliens à ses alliés, bien contents de rester au pouvoir, et se contenterait de s’occuper de l’Education nationale.
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il pense que Mohamed Ben Abbes serait élu président de la République avec le soutien des médias et choisirait François Bayrou comme premier ministre ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il suppose que dès son accession au pouvoir, Mohamed Ben Abbes islamiserait l’Université, mettrait fin à l’égalité entre les sexes, dirigerait les filles après le primaire vers des écoles d’éducation ménagère, autoriserait la polygamie et généraliserait le port du voile islamique ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il devine que le chômage enfin baisserait (les femmes ne pouvant plus occuper certaines fonctions), que la sécurité reviendrait (les attentats prenant fin), que l’économie repartirait (avec l’aide financière des pays du pétrole), que la Belgique bientôt suivrait la même voie que la France et que l’Europe serait élargie aux pays musulmans d’Afrique du nord ?
Et si Houellebecq avait raison lorsqu’il imagine que son personnage, un professeur d’Université désabusé, qui auparavant partageait sa vie entre ses cours à l’Université, ses plats réchauffés au micro-onde et ses aventures sexuelles avec des étudiantes, se convertirait à l’islam pour conserver son poste, gagnerait bien plus d’argent grâce au financement par un émir du pétrole et chercherait à épouser plusieurs femmes jeunes et soumises ?
Après avoir achevé la lecture de Soumission, on ne sait pas si Houellebecq espère ou redoute le changement de civilisation qu’il imagine. Mais on a le sentiment que son scénario n’a rien d’impossible.
En 2015, la France ne connait-elle pas déjà une crise économique, sociale et morale ?
En 2015, les agressions ou les attentats (voitures « folles » écrasant des piétons, tuerie à Charlie Hebdo, attaque de policiers ou de commissariats, prises d’otages…) ne sont-ils pas presque quotidiens ?
En 2015, Marine Le Pen n’est-elle pas déjà en tête des sondages ?
Et enfin, en 2015, le parti socialiste pour une grande manifestation suite à l’attentat contre Charlie Hebdo n’a-t-il pas invité l’UMP et les représentants musulmans, à l’exclusion du Front national ?