On commémore on commémore on n’a jamais autant commémoré ! En fait c’est jamais trop. On avait fêté les quatre-vingt dix ans de la guerre de 14, voilà qu’on fête le centenaire des premiers poilus. Et en prime le débarquement de Provence ! Ils mélangent tout, les débarqués du 6 juin, les débarqués du 15 août, et tant pis si ça tombe pas juste ! Il est temps de mettre un peu d’ordre. J’arrive ! En fait il y a plein de dates à commémorer et même en s’en tenant aux dernières guerres, ils peuvent pas manquer d’idées. Il faut tout commémorer !
Par exemple la guerre de 14, c’est tous les jours qu’elle a duré. Il faut donc commémorer tous les jours entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918. Et même après il faut commémorer les faignants qui ont clamsé sur leur lit d’hôpital. Ca a duré parfois des années. Je propose qu’on commémore tous les poilus qui ont participé à cette glorieuse empoignade !
Pourquoi privilégier les débuts de la guerre ? C’est une insulte envers ceux qui sont morts un jour ordinaire. Or, il a bien dû se trouver un ou deux maladroits qui en ont profité pour crever pour la patrie. Je prends au hasard : le 25 février 1915, je suis prêt à parier qu’il y a eu un certain nombre d’étripés. Le 2 mars 1916, certains ont pu se retrouver embrochés au bout d’une baïonnette. Ne les oublions pas, même s’ils n’ont pas eu droit aux communiqués de presse. Donc, si je poursuis mon raisonnement, on risque rien à commémorer chaque jour que le bon dieu a fait. Il y aura toujours un lascar qui sera concerné. Evidemment, ce sera pas un score forcément aussi important que durant la bataille de Verdun ou pendant le débarquement du 6 juin 44. Mais il s’agira pas d’une commémoration à sec. Ce qui serait bien dommage ! Et puis on pourra toujours essayer des prénoms. En 14 il y a eu beaucoup de poilus qui se prénommaient Alfred, Alphonse, Ferdinand, Henri… il suffit de taper dans le tas. Et d’organiser une petite cérémonie, sans Valls et sans Hollande, sans Juppé, sans Sarkozy, de toute façon ils ont pas fait leur service militaire et puis c’est sûr, ils ont pas été tués à la guerre. Sinon on l’aurait su. Ils devraient être disqualifiés et ne pas avoir le droit de parler puisqu’ils sont pas morts. Ils parlent de ce qu’ils connaissent pas, c’est des imposteurs. Qu’on les fusille pour l’exemple ! Ca s’est déjà fait, à la satisfaction générale.
Pour la cérémonie, puisque c’est des anonymes qu’on veut commémorer, et crevés dans des circonstances tout aussi anonymes, il faudra prévoir une autorisation. Et puis vous ferez ça vous-même sans les abrutis officiels, sans les salauds officiels, sans les criminels officiels !
C’est pas dur à faire une vraie commémoration !
Vous prenez un drapeau vous pissez dessus, vous levez le poing en direction d’une caserne, n’importe laquelle. Bref vous faites comme le creusois du monument aux morts de Gentioux. Vous changez un peu la formule. « Maudite soit la guerre » c’est pas suffisant. « Mort aux cons » ce serait mieux. Rien ne vous empêche de demander à un général de bonne volonté s’il veut bien jouer le rôle du sacrifié. Alors s’il accepte de jouer le jeu, vous le flinguez très vite. Vous attendez pas qu’il change d’avis. Si vous commémorez un poilu, la pelle de terrassier est l’arme appropriée. Si ça se passe pendant le débarquement, vous le noyez ! Si vous tenez à chanter un chant patriotique, c’est «La quille bordel » ! S’il est catholique, vous lui refusez pas le secours de la religion. Sinon il peut se réveiller. Alors vous lui envoyez une rafale de mitraillette que vous aurez au préalablement bénie vous-même.
Allez au travail ! C’est pas les généraux qui manquent.