« À Paris, sous l’Occupation, il y avait une forme de légèreté. » Zaz l’a dit, Zaz le sait. Déjà résistante en 1942, la chanteuse est un témoin précieux de cette époque. Nul n’en doute. Chanteuse, historienne, survivante de l’oppression allemande, militante de gauche, Zaz est à la chanson française ce que le couteau suisse est au camp scout.
La drôlerie première de cette déclaration repérée au détour d’une interview réside dans cette facilité à décrire une ambiance que l’on n’a pas connue, à parler d’une période dont on ne sait pas grand-chose avec l’aplomb de celui qui l’aurait vécue au quotidien. Il faut dire que son argumentaire est en béton. « J’ai dans l’esprit ce magnifique film La vie est belle », explique-t-elle. Donc l’ambiance était à la légèreté. Allez hop ! Dossier suivant…
Drôlerie seconde : ni une ni deux, la presse bien-pensante, qui est à la légèreté ce que l’enclume est au déménageur, se précipite sur la pauvre chanteuse historienne à mi-temps. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Mais quoi t’est-ce ? Mais comment peut-on ? etc. Bien en peine de prouver qu’elle n’a pas couché avec Pétain, Zaz retourne au charbon pour se confondre en excuses et moult courbettes… Mon Dieu, j’ai fauté ! J’ai péché, mon père… Confessionnal Facebook, pénitence Twitter, message explicatif, notice avec croquis et… petite précision qui change tout : l’artiste déclare n’avoir aucune sympathie pour les collabos… Alors là… chapeau bas ! Une telle prise de position force l’admiration. Les portes ouvertes voient passer le bulldozer avec ravissement. Tant d’engagement laisse les enclumes sans voix. C’est beau comme du André Rieu.