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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 09:22

Dans les vastes territoires de la variété, il existe un animal très prisé pour la musicalité prétendue de son chant : le daho. Comme d’autres spécimens de la même espèce, le biolay, le delerm, le bénabar ou le beaupain, il fait l’objet d’une traque incessante au moment de mettre bas, de donner le jour à ses petits derniers, les cédés. La meute dans le vent à carte de presse s’emploie alors à l’accrocher absolument à son tableau de chasse, d’une façon si obsessionnelle qu’elle en oublie encore plus qu’à l’ordinaire tout ce qui, du crapaud au rossignol, chante et vocalise dans nos villes et nos campagnes.
Comme d’habitude, les fines gâchettes de Télérama, de Libé, des Inrocks (1),  épaulées par les grandes stations de radio et les principales chaînes de télévision, l’ont exhibé en long, en large et en travers. Il nous aura fallu bouffer du daho à toutes les sauces ! Il est vrai que la grande prêtresse radiophonique du boboïsme crétin, Pascale Clark, avait prévenu dès le mois de juin : « L’automne sera Daho ! » (2)
Certains seront peut-être surpris de la facilité avec laquelle cet animal se laisse attraper, pour ne pas dire apprivoiser. En vérité, comme pour le faisan aujourd’hui dans certaines régions, il s’agit bien davantage d’une chasse à l’animal d’élevage que d’une sauvage battue à l’ancienne. Gibier et chasseurs sont ici largement complices. Cela permet à l’un d’exhiber des créations ayant reçu l’imprimatur du Sacré Collège en chanson qu’est l’industrie culturelle, et aux autres de se livrer une sévère concurrence dans la logorrhée branchée, l’excès de charabia et le déversement de connerie épaisse mais « hype ».

 

(1) Me croirez-vous, mais je connais des gens, d’un autre siècle, qui disent encore Libération et Les Inrockuptibles ?!…
(2) « Comme on nous parle », France Inter, 11 juin 2013.

 

A lire sur le site : http://www.crapaudsetrossignols.fr

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