Ah ! ils ont du mérite, les détenus. Quand ils arrivent à plusieurs on dit que c’est un « arrivage ». On prend les colis en charge, et quand on entre on ne sait jamais quand on sort.
Je ne dis pas ça contre les surveillants, qui sont des hommes ordinaires, comme vous et moi. La majorité d’entre eux ont d’ailleurs un mérite rare : ils sont payés pour être incarcérés.
Pas incarcérés comme les riches quand par hasard ils font de la prison ferme. C’est toujours (ou presque) à la Maison d’Arrêt de la Santé, la seule prison qui soit dans Paris intra muros, et dans des conditions qui n’ont pas de rapport avec la « racaille » des banlieues, ces sous hommes, mis en cage, et dont on me dit souvent que ce ne sont pas des « enfants de chœur ».
Surtout les musulmans. Les riches, variété plus rare, sont des V.I.P.
Ils ont du mérite aussi, de supporter le jugement d’un public de télé-abrutis, voire d’abrutis volontaires. En effet, pour ceux qui n’ont jamais vu une prison de l’intérieur, ou une fois par hasard, en visite, comme au zoo, tous les « voyous » (enrichissez votre vocabulaire !) se ressemblent : ce sont tous des tueurs sadiques, des violeurs d’enfants, mais jamais des milliardaires qui font faire le travail par ceux qu’on appelle les « troisièmes couteaux », à la belle époque du SAC, créé par l’honorable Mr Charles Pasqua, illustrissime Résistant de la première heure, qui ne résista cependant pas à la tentation de diriger un des réseaux de « La French Connexion ».
Dans les années 70, Pasqua avait été nommément accusé par l’éditeur Alain Moreau dans « Dossier D comme Drogue ». Il n’a pas été démenti. Plus tard, c’est Eva Joly qui tente de sortir un dossier concernant Pasqua. On pourrait dire « enfin », on a attribué à Pasqua l’assassinat du ministre Boulin…La carrière de Charles Pasqua est jalonnée ainsi de multiples incidents, liés pour la plupart au milieu marseillais. Mais c’était à la mode et ça ne nuisait pas aux élections de Mr Balkany, pourtant inéligible.
Le détenu simple, comme vous et moi, vous le croisez dans la rue. Il ne sait pas qu’il va devenir pensionnaire de ces charmants établissements pénitentiaires. Souvent même, à la façon de Patrick Henry, il est férocement déchaîné en faveur de la peine de mort. Trop de gens ne savent pas qu’ils côtoient de futurs assassins abominables dans les rues de leur ville.
Que tout le monde peut devenir un pensionnaire de Maison d’Arrêt ! En attendant mieux.
Beaucoup d’émissions passent et repassent sur les écrans des diverses chaînes de télévision. Ca s’appelle « passer en boucle » et je ne parle pas des perpétuelles « rediffusions » qui donnent l’impression que le crime est partout chez les gens ordinaires.
Ainsi, sommes nous des accusés potentiels, susceptibles d’être appelés à entrer
Et puis il y a tous les naïfs, tous les innocents, qui croient impossible que ça puisse leur arriver. Incroyable inconscience, surtout depuis que l’école leur apprend l’ignorance ! Je me répète, mais si vous ne lisez pas « L’Enseignement de l’Ignorance ». Et surtout le dernier livre de Michéa : « Les mystères de la gauche » sous titré : « de l’idéal des lumières au triomphe du capitalisme absolu », vous resterez ignorants ! Ne vous laissez pas affoler par Frantz Fanon et surtout Guy Debord, aux quels il est souvent fait allusion. Et aussi par Orwell.
Car nous laissons mourir notre culture au nom de la mondialisation ! Le linguiste américain Noam Chomsky, qui se dit avec raison « libertaire », observe que les Etats-Unis ont au moins l’avantage d’être une fédération d’états. En France, l’existence des frontières, telles que les concevaient Mélenchon, ne nuit pas à la liberté individuelle !
Mais le déploiement des gendarmes au bord des routes nous fait oublier que les crimes commis en milieu rural sont nombreux. On supprime les gendarmes, qui jouaient un rôle social incontestable. On les remplace par la police.
Je suis pour le retour du garde champêtre ! Les écologistes m’approuveront forcément, car ce personnage était qualifié par une expression sympathique : « Sergent de Verdure ».