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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 09:03

La décision du président Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions concerne les entreprises américaines mais aussi celles en Europe qui avaient recommencé à commercer avec Téhéran.

Outre les avionneurs américain Boeing et européen Airbus, le conglomérat industriel General Electric, les constructeurs automobiles allemand Volkswagen et franco-japonais Renault-Nissan pourraient être touchés alors que les responsables américains ont insisté pour que les entreprises européennes se conforment aussi au rétablissement des sanctions.

Ainsi, Renault, qui a vendu plus de 160.000 voitures en Iran l'an dernier, pourrait être touché en raison de la présence aux États-Unis de Nissan.

Son compatriote PSA est déjà particulièrement bien implanté en Iran où il a une part de marché de 30%. Absent des États-Unis depuis 1991, PSA a indiqué en janvier songer à lancer un service d’auto-partage dans une ou deux villes américaines auquel il pourrait devoir renoncer.

La major pétrolière française Total, associée au groupe chinois CNPC, a elle signé un accord portant sur un investissement de 5 milliards de dollars pour exploiter le gisement South Pars mais avait prévenu que le maintien de cet accord dépendait de la position de Washington sur le nucléaire iranien.

De leur côté, les entreprises allemandes devraient cesser leurs activités en Iran "immédiatement", a demandé mardi l'ambassadeur américain en Allemagne.

Le conseiller à la sécurité nationale John Bolton a indiqué que le rétablissement des sanctions américaines est effectif "immédiatement" pour les nouveaux contrats et que les entreprises déjà engagées en Iran auront quelques mois pour en "sortir". Selon le Trésor américain, le délai va de 90 à 180 jours.

De son côté, Airbus a enregistré des commandes de compagnies aériennes iraniennes (Iran Air Tour, Zagros Airlines) pour 100 avions au total, dont des A320neo, valorisés à près de 10 milliards de dollars.

L'avionneur européen a des usines aux Etats-Unis, et un nombre important de pièces installées dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui le soumet automatiquement aux sanctions américaines.

Dans l'ensemble, c'est un coup dur pour l'industrie aéronautique car l'Iran aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, estime l'Organisation iranienne de l'aviation civile.

Pour General Electric, plusieurs de ses filiales installées hors des Etats-Unis ont reçu des contrats totalisant des dizaines de millions de dollars pour l'exploitation des gisements gaziers et le développement des produits pétrochimiques.

Le groupe automobile allemand Volkswagen a annoncé en 2017 qu'il allait recommencer à vendre des voitures en Iran, une première depuis 17 ans mais pourrait maintenant se voir obligé de choisir entre l'Iran et les États-Unis, deuxième marché automobile mondial où il est fortement implanté.

Les compagnies aériennes British Airways et Lufthansa, qui avaient repris des vols directs vers Téhéran, vont devoir mettre fin à ces lignes si elles veulent continuer à opérer librement des vols transatlantiques.

Il en va de même pour l'hôtelier français Accor, qui a ouvert un hôtel en Iran en 2015, de la chaîne espagnole Melia Hotels International et du groupe émirati Rotana Hotels, qui ont fait part de leurs projets de s'implanter en Iran.

 

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 08:54

Secrétaire général de l’Elysée, conseiller de l’ombre d’Emmanuel Macron depuis plusieurs années, Alexis Kohler est soupçonné de conflit d’intérêts dans une longue enquête publiée par Mediapart vendredi. Le haut fonctionnaire possède en effet des liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC, numéro deux mondial du transport maritime : Rafaela Aponte, cofondatrice de la compagnie avec son mari Gianluigi, est la cousine germaine de la mère d’Alexis Kohler. En juillet dernier, Kohler avait concédé un lien familial avec la compagnie, lâchant qu'«un lointain cousin est actionnaire de MSC», dans une interview à l’Express.

 

Kohler a souvent croisé la route de MSC dans les dossiers qu’il a eu à traiter. La première fois, c’est en 2010 : membre de l’agence des participations de l’Etat (APE), il est nommé représentant de l’Etat au conseil d’administration de STX France, les chantiers navals de Saint-Nazaire. «Le dossier MSC est sur la table de STX, écrit Mediapart. Il occupe même toutes les journées des responsables du chantier naval de Saint-Nazaire, qui n’a pratiquement alors que la commande de l’armateur italo-suisse pour se maintenir en activité.» Kohler a assuré à Mediapart avoir averti sa hiérarchie de ses liens familiaux avec MSC à l’époque. «Si tel est le cas, les règles de la haute administration sont bien élastiques», commente le site.

En 2012, Alexis Kohler, nommé directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici au ministère de l’Economie et des Finances, «retrouve le dossier STX et le problème du financement des bateaux de croisière construits pour MSC». Mediapart s’interroge : «A-t-il seulement œuvré pour aider STX ou a-t-il veillé aussi aux intérêts de MSC ? Car dans l’affaire, toutes ces aides pour soutenir Saint-Nazaire reviennent dans les faits à faire payer par l’Etat les bateaux exploités par l’armateur.»

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 10:24

Après mon licenciement, j’avais d’abord accepté ce stage de déplaceur de virgules dans les romans des professionnels. On m’avait dit :

- Vous savez, il y a énormément de débouchés, les vrais auteurs, ceux qui courent en Formule 1, sur Gallimard ou au Seuil (c’était une image évidemment !), ils n’écrivent plus jamais eux-mêmes ! Ca ne les intéresse d’ailleurs absolument pas !... ils ont des nègres et, parmi ces nègres, certains ne connaissent pas la ponctuation.

Le gars de l’A.N.P.E avait ajouté:

- Et puis, déplacer une virgule, c’est moins lourd que déplacer un 35 tonnes… ou des palettes de sacs de ciment.

J’avais trouvé l’argument pertinent. 

Après six mois de stage dans une maison d’édition, je savais repérer les virgules et les déplacer correctement. Malheureusement, nous étions 32 000 dans tout l’hexagone à avoir effectué le stage et il n’y a guère que 2 ou 3000 escrocs officiels qui font écrire des livres par des nègres. En général, tous les hommes politiques, leurs épouses, leurs maîtresses, les maîtresses de leurs enfants et quand on a compté les sportifs connus, les acteurs cabotins et deux ou trois héros de faits divers, on a vite fait le tour de la question.

A l’A.N.P.E, on m’a dit :

- C’est embêtant, nous notre rôle c’est de faire baisser les chiffres du chômage...

- C’était un stage payant, ai-je fait remarquer, ce n’est pas un travail...

- Un stagiaire payant, ou plus exactement un stagiaire payeur, c’est un travailleur qui travaille en payant, ça n’est pas un chômeur, nuance ! Voyez donc un Trésorier-Payeur ?...

C’était encore d’une logique imparable. J’acceptai donc un second stage payant de trois mois : Comment apprendre à trouver des stages payants.

 

C’était intéressant, je dois dire.

Un attaché du CNRS nous expliqua que la recherche d’emploi faisait désormais partie de l’emploi lui-même. Un stagiaire affecté dans une entreprise chargée de former des chercheurs d’emploi, confirma le fait en arguant de sa propre expérience. Il cherchait en effet depuis dix-sept ans et, de ce fait, il était particulièrement compétent dans son activité de chercheur.

- On envisage d’ailleurs de le titulariser comme chercheur d’emploi professionnel. Il formera d’autres stagiaires, chargés d’apprendre aux autres à chercher. 

La Recherche, en matière d’emploi, battait son plein, nous assura le premier chercheur, celui du CNRS, c’était une activité en pleine expansion, et l’on n’avait pas à redouter la crise. Bien entendu, tous ces chercheurs payaient pour avoir le droit de chercher, mais s’ils trouvaient un jour quelque chose, l’Etat ferait un effort et on ne les obligerait plus à payer très longtemps, une fois le travail bien assimilé. 

A la fin du stage, on nous demanda de nous inscrire pour postuler à d’autres stages, qui nous motivaient particulièrement.

Je choisis « Déplaceur de tables dans l’enseignement secondaire » et bien m’en prit car deux mois plus tard j’étais accepté dans un stage non rémunéré mais si peu payant (cotisation Sécu seulement, et assurance chômage, assortie d’un peu de CSG) que je me sentis privilégié, et même, disons-le, nanti, par rapport à ceux qui payaient vraiment.

 

J’avais rédigé une lettre de motivation qui retint l’attention du jury.

J’y disais entre autres que les tables m’avaient toujours inspiré, depuis l’enfance, où je me glissais sous les tables, pour apercevoir les dessous féminins. Les dessous de table, en espèces sonnantes et trébuchantes (l’expression fit impression, si je puis dire, le jury ne possédant pas un bagage intellectuel très important) ne me déplaisaient pas non plus, et j’étais prêt à  « tenir ma place à table », ce qui acheva de les convaincre.

Un collègue chercheur, jaloux comme ils sont tous, me dit que j’étais tombé, par chance, sur un jury d’humoristes, et que j’avais simplement eu de la veine.

Je ne lui en tins pas rigueur, j’étais trop heureux de mon coup !

 

ROLLAND HENAULT

("Récits de voyage en sauvagerie" - Editions de l'Impossible 2010)

 
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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 10:07

Cela va concerner 38 millions d’automobilistes ! Le 20 mai prochain, les Français vont devoir subir un nouveau contrôle technique. Bien plus rigoureux que le précédent, le « cru » 2018 va imposer des règles particulièrement contraignantes pour les centres de contrôle : la vérification obligatoire de 132 éléments de votre véhicule. Mais ce n’est pas tout ! En plus des points de contrôle, sur 606 anomalies potentielles, près de 500 pourront déboucher sur une contre-visite.

 

Pour des raisons faciles à comprendre, beaucoup de garagistes n’ont pas voulu s’exprimer devant la caméra mais en « off », ils n’hésitent pas à se lâcher : » Ces nouvelles règles qu’on impose ? C’est vraiment n’importe quoi », explique un garagiste de la région Ile de France. Ailleurs, la tonalité est pratiquement la même. Pour Florian, agent commercial près de Rennes « Ce n’est pas justifié. En toute honnêteté, je pense que le contrôle d’aujourd’hui est assez complet, tous les éléments de sécurité y sont. Pour en avoir parlé avec certains contrôleurs techniques, ils ne voient pas non plus l’intérêt ».

 

Fabien, qu’Armel Joubert des Ouches a rencontré à Cesson-Sévigné près de Rennes, et qui dirige un centre de contrôle technique est aussi de cet avis. « Il y a beaucoup de points ‟mineursˮ qui passent en ‟majeursˮ et de ‟majeursˮ qui passent en ‟critiquesˮ. Tout ce qui est voyants airbag, ABS, commandes rétroviseurs qui ne fonctionnent pas, même le lave-glace sera sujet à une contre-visite. Avant, on savait qu’il y avait un défaut, mais maintenant, ça ne pourra plus rouler… ». Il vous sera en effet interdit d’utiliser votre voiture si un défaut « critique » est identifié. Pour faire transporter votre véhicule vers un garage, vous serez alors obligé de faire appel à une dépanneuse. Vous aurez ensuite deux mois pour faire réparer. Si vous utilisez votre voiture non réparée, il pourrait vous en coûter 135 euro d’amende !

 

Les vendeurs de véhicules feront partis des nombreuses victimes de cette nouvelle contrainte. Pour Sixte Renoul, agent commercial près de Rennes en Bretagne, « Cela va poser de très gros problèmes. Il y aura un tel flux de véhicules qu’on ne pourra pas faire jouer la concurrence pour les réparations. Cela signifie qu’on devra se rendre au plus près et donc au plus cher. Pour nous professionnels qui passons une vingtaine de véhicules par mois au contrôle technique, on va avoir de gros frais ! Si nous passons beaucoup de temps à gérer les problèmes techniques, nous ne pourrons pas vendre plus de voitures, c’est évident ! ». Ce nouveau contrôle technique est particulièrement discriminatoire pour les conducteurs bénéficiant de petits moyens financiers. Pour Philippe Gaumont, garagiste près de Redon en Bretagne, « Il est évident que certaines voitures ne pourront pas être réparées. Des clients vont se retrouver sans moyen de locomotion car ils n’auront pas les moyens de faire réparer ce qui leur est demandé ».

 

Sous prétexte de sécurité, il s’agit en fait, pour les mondialistes, de diminuer l’utilisation de la voiture pour faire baisser la croissance tout en privant chaque jour les citoyens d’un peu plus de liberté…

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 09:59

À l’époque du dixième anniversaire de Mai 68, vous aviez déclaré que Mai 68 était le « berceau de la nouvelle bourgeoisie ». 68 a-t-il été le début de la fin ?

Étant empêché ailleurs, je ne peux hélas pas témoigner de ce que fut ce formidable moment de fraternité. Je ne peux m’en tenir qu’au résultat. Il confirme le mot de Valéry : « Les hommes entrent dans l’avenir à reculons. » En l’occurrence, on est allé en Californie en passant par Pékin. Une belle avancée pour les individus, un grand recul pour le collectif. Comme si l’exécution des pères avait dégagé le terrain pour l’épanouissement du « pèze », et du chacun pour soi. C’est ce que je m’étais permis de signaler en 1978, dans un petit ouvrage qui n’eut aucun écho. J’annonçais, en ne plaisantant qu’à moitié, que Cohn-Bendit deviendrait une notabilité de référence dans une Europe archilibérale. Cela n’a rien d’une condamnation et on discute ferme pour savoir si on a ou non gagné au change - mais comme les débats idéologiques m’ennuient profondément, je préfère m’abstenir.

[...]

Est-ce l’échec d’une génération ? 

Peut-être. Celle d’une certaine génération, ou de plusieurs, héritière des Lumières, éduquée dans le latin-grec, convaincue qu’elle pouvait et allait agir sur les événements par l’exercice de la raison critique, en union avec le mouvement ouvrier. La fabrique de l’opinion a changé d’échelle, et les industries lourdes de l’image-son ont rendu cette ambition pédagogique obsolète. Chacun se débrouillera comme il peut, mais moi je renonce à toute ambition d’influence. Coincés entre le tout-économie et le tout-image, qui font la paire, les gens de mon espèce ne peuvent plus faire, avec leurs gribouillis, que des ronds de fumée. L’action publique a coupé les ponts avec la pensée. Place aux communicants : sondeurs, animateurs, acteurs, cameramen, photographes, spin doctors… L’écriture a déclassé l’oracle, l’imprimerie le moine copiste, l’audiovisuel le philosophe. La roue tourne. Rotation des personnels d’avant-garde. Rien de dramatique.

[...]

Vous avez eu plusieurs vies : aventurier, intellectuel engagé, conseiller du prince. Si vous deviez n’en retenir qu’une, ce serait laquelle ? 

Sans doute celle où une croyance un peu messianique me gonflait à bloc. En 1966 quand je vais repérer tout seul, au nord de la Bolivie, un lieu pour le futur débarquement du Che et de ses hommes. J’ai la certitude qu’un immense avenir va s’ouvrir, ce qui me donne une audace incroyable. Quand on a une mystique, on devient pragmatique et on surmonte beaucoup de difficultés matérielles. C’était déraisonnable, mais les moments d’illusion sont des moments de plénitude, de propulsion. Marier la lucidité et l’action, c’est très dur parce que toute action a besoin de mythomanie. Quand le mythe s’en va, on perd en intensité, sans d’ailleurs gagner en résultat. Ou pas toujours.

 

Avec le recul, l’illusion lyrique de la révolution était-elle une erreur ?

Excusez-moi, mais je ne vois rien d’erroné dans l’idée d’abattre des régimes militaires et d’une réforme agraire. L’erreur était dans le choix des moyens et j’ai tenté d’expliquer pourquoi dans La Critique des armes, en 1974. Le fond du problème c’est que la révolution comme mouvement, c’est très engageant, mais comme régime, le plus souvent imbuvable. C’est la déviation de trajectoire, la grande énigme. Comment des gens très bien, dans les maquis, finissent par faire des choses très moches, aux commandes. Vous en connaissez, vous, des ismes de bonne facture, qui ne déraillent pas une fois arrivés au pouvoir - libéralisme, socialisme, sionisme, nationalisme ?

[...]

Dans les années 1980, vous êtes conseiller de François Mitterrand. Avez-vous succombé à l’illusion lyrique ? 

Pourquoi succomber ? Ce n’était pas une vilaine tentation mais un beau pari. Je pensais qu’il y avait encore une chance de réconcilier le régalien et le plébéien et de montrer que l’État n’est pas seulement un instrument au service de la classe dominante, mais peut se mettre au service de l’intérêt général et de ceux qui en ont le plus besoin. Après l’échec au Chili du socialisme dans la liberté, il me semblait que la France offrait de meilleures conditions pour réussir cet exploit, difficile je l’avoue, qui aurait une portée historique. Et puis, je me suis aperçu assez vite que le pari ne serait pas tenu. Alors, je suis parti.

[...]

Certains comparent Macron à Mitterrand… 

C’est biaisé. Les deux générations sont incomparables. Il y a celle qui a connu l’armée, les camps, la soif, la peur, la fraternité, et il y a celle qui n’a jamais reçu de coups dans la figure. Il y a celle qui a eu à risquer et sauver sa peau face à la Gestapo et celle qui est passée d’un amphi de l’ENA à un siège de banque ou de préfecture, avec, au milieu, le rituel stage de young leader aux USA, pour achever de rentrer dans le moule. Cela dit, on ne peut reprocher à personne sa date de naissance. Ni d’avoir jamais senti le vent du boulet. Ni milité pour de bon, à la base. Comme disait Semprun, « la guerre est finie ». C’est un vécu qui en général met un bémol à l’arrogance.

[...]

Aujourd’hui, l’islamisation est jugée plus menaçante pour notre identité que la globalisation… 

J’ai peut-être les yeux dans les poches mais je ne vois pas notre classe dirigeante remplir les mosquées, apprendre l’arabe ou troquer la barbe de trois jours contre celle du takfiriste. De toute façon, les deux phénomènes s’enchaînent l’un l’autre. L’ouragan de l’indifférenciation techno-économique crée partout un déficit d’appartenance culturelle, donc un trou d’air où s’engouffre le retour à des sources identitaires plus ou moins fantasmées. La mondialisation heureuse, c’est à l’arrivée une balkanisation furieuse. Vous submergez l’Iran de Coca-Cola et dix ans après vous avez les ayatollahs. Les modernisateurs à marche forcée sont des pousse-au-crime. Elle se paye cher, l’illusion économique. L’idée par exemple qu’on peut faire un peuple européen avec une monnaie commune et non avec un imaginaire commun.

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 09:53

Comment et quand l'Etat a été informé de ce qui se déroulait réellement autour de l'usine de Lafarge en Syrie, sur le site de Jalabiya ? Les informations commencent à filtrer sur la connaissance qu'avaient le quai d'Orsay et les services secrets de la situation : l'usine, restée en exploitation en dépit de la guerre civile, avait noué des relations financières avec les groupes terroristes locaux, dont Daech, entre 2011 et 2014, en violation des règles pénales et européennes instituant la restriction des activités commerciales avec la Syrie. Aujourd'hui, sept responsables ou ex-hauts cadres sont mis en examen pour, notamment, financement d'entreprise terroriste et mise en danger de la vie d'autrui.  

Libération a révélé lundi les nombreux liens et contacts entretenus par le directeur de la sécurité du cimentier avec la DGSE ou la DGSI, comme avec le cabinet militaire de François Hollande à l'Elysée. Mais Lafarge, comme l'a raconté aux juges un cadre de l'entreprise mis en examen, faisait également appel à des consultants extérieurs: Antoine Sfeir, journaliste et politologue spécialisé sur le Moyen-Orient, et surtout une personnalité branchée directement sur le pouvoir : Alain Bauer. 

Connu pour être un travailleur infatigable tant il accumule les casquettes, ce dernier se présente avant tout comme criminologue et conseiller en sécurité. Lui qui fut - entre autres - président du Conseil national des activités de sécurité privée, l'organisme qui délivre les agréments aux sociétés de sécurité privée, donne en effet des conseils à de nombreuses sociétés, de la sphère publique comme du privé. C'est ainsi qu'il a oeuvré pour Lafarge "depuis 2007", confirme-t-il à L'Express, et ce jusqu'en 2014.

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 09:48

Le 19 janvier, les autorités philippines ont décrété la suspension de l’envoi de main d’œuvre vers le Koweït, après la mort de sept employées de maison philippines.

Fin janvier, un autre événement a mis de l’huile sur le feu. Le corps de Joanna Demafelis, une employée de maison philippine, a été découvert dans le congélateur d’un appartement abandonné dans la capitale koweïtienne.

La jeune femme avait été tuée un an auparavant par ses employeurs et son corps portait des marques de strangulation. Après cette découverte macabre, le ministère du Travail des Philippines a décidé l’interdiction totale de l’envoi de main d’œuvre au Koweït et le président Rodrigo Duterte a appelé au rapatriement de tous les travailleurs philippins qui y résident.

 

À la demande de Manille, le gouvernement koweïtien a alors accordé aux employées de maison philippines un délai de trois semaines (qualifié d’”amnistie” par les autorités du Koweït) durant lequel elles étaient autorisées à se réfugier à l’ambassade en vue de leur rapatriement aux Philippines. Plus de 10 800 employées de maison philippines dont le visa a expiré, ou qui ont fui leurs employeurs, étaient ainsi autorisées à rentrer chez elles.

Ce délai a ensuite été prolongé de deux mois, jusqu’au 22 avril. Jusque-là, seulement 3 000 travailleuses avaient alors fait appel à l’ambassade, et 337 d’entre elles avaient été rapatriées à bord de trois vols commerciaux.

Or, le 19 avril, un membre du ministère des Affaires étrangères philippin a fait fuiter des vidéos montrant des membres de l’ambassade au Koweït qui aident des employées de maison à s’enfuir de chez leurs employeurs.

Les images ont provoqué un tollé côté koweïtien. Les autorités du pays ont ainsi arrêté deux Philippins impliqués dans ces opérations, indiquant que les véhicules qu’on voyait dans ces vidéos appartenaient à l’ambassade, information que les autorités des Philippines n’ont pas démentie. Malgré les excuses présentées par celles-ci, le Koweït a rappelé son ambassadeur à Manille et a posé un ultimatum d’une semaine à l’ambassadeur des Philippines pour quitter le pays.

Les scandales de maltraitance des employés de maison venues du sud-est de l’Asie sont fréquents dans les pays du Golfe, mais c’est la première fois que cette question prend une telle ampleur.

 

Plus de deux millions de Philippins sont employés dans le Golfe, dont plus de 250 000 au Koweït. Les jeunes femmes y travaillent comme employées de maison dans l’espoir de venir en aide à leurs familles. Ces aides constituent une importante manne économique pour les Philippines. Mais le système de ”kafala” (tutelle qui rend les travailleurs immigrés totalement dépendants de leurs employeurs), la confiscation de leurs passeports et les rudes conditions de travail font qu’elles déchantent très vite.

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 09:41

Au IVe congrès de l'American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s'étaient donné deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d'entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.

Arrive le 1er mai 1886. Un grand nombre de travailleurs obtiennent immédiatement satisfaction. Mais d'autres, moins chanceux, au nombre d'environ 340 000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.

Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.

Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines (ils seront réhabilités plusieurs années après).

 

Trois ans après le drame de Chicago, la IIe Internationale socialiste réunit à Paris son deuxième congrès. Celui-ci se tient au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, pendant l'Exposition universelle qui commémore le centenaire de la Révolution française au pied de la toute nouvelle Tour Eiffel.

Les congressistes se donnent pour objectif la journée de huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé), sachant que jusque-là, il était habituel de travailler dix ou douze heures par jour (en 1848, en France, un décret réduisant à 10 heures la journée de travail n'a pas résisté plus de quelques mois à la pression patronale).

Le 20 juin 1889, sur une proposition de Raymond Lavigne, ils décident qu'il sera « organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d'appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu'une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l'AFL, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation. »

Dès l'année suivante, le 1er mai 1890, des ouvriers font grève et défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois (travail, sommeil, loisir).

Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la manifestation rituelle tourne au drame. La troupe équipée des nouveaux fusils Lebel et Chassepot tire à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont huit de moins de 21 ans. L'une des victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, qui défilait habillée de blanc et les bras couverts de fleurs d'aubépine, devient le symbole de cette journée.

Avec le drame de Fourmies, le 1er mai s'enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.

 

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 10:06

Cela faisait longtemps que le French Doctor n’avait pas montré sa bobine à la télé. C’était mercredi, sur BFM TV. Et pour dire quoi ? Que « l’accueil des réfugiés ordonné est une chance pour notre pays et surtout pour l’Europe ». Que c’est grâce aux migrants que les villages vont se « reconstruire ». Ah ! mais quel manque de flair, pour le couple Kouchner-Okrent, d’avoir préféré investir dans les beaux quartiers et des îles pour millionnaires plutôt que dans l’un de ces villages à reconstruire !

Une chance, c’en est une, pour le couple Kouchner-Ockrent, que les migrants n’aient pas envahi les 5e et 6e arrondissements de Paris, où ils vivaient en 2009 depuis trente-cinq ans dans 250 mètres carrés – pour un loyer de 5.000 euros par mois, un montant 30 % inférieur à la moyenne du marché (L’Express). Une chance, encore, que les migrants n’aillent pas dans les stations de ski huppées comme à Morzine-Avoriaz, où Kouchner-Okrent sont les heureux propriétaires d’un gentil pied-à-terre. Une chance que les migrants n’aient pas été expédiés à la résidence très privée de personnalités politiques et du show-biz, de banquiers, de patrons du CAC 40 : le golf de Sperone, en Corse. Un endroit absolument idyllique où de luxueuses villas se disséminent, à peine visibles, dans le maquis. Du bateau, on aperçoit cependant celle du couple médiatique, construite en bois exotique, dominant la grande bleue avec, en contrebas, sa plage privée où est amarré un modeste rafiot.

Cela serait pourtant une chance, pour les migrants, de poser le pied à Sperone et d’aller partager leur richesse avec du si beau linge ! L’occasion unique de prendre des cours de finance, de comédie, de chant. Las : impossible ! Les Kouchner, les Mimi Mathy, les Bedos, les Bruel, les Bohringer, les Higelin (ils sont 180 défenseurs du multiculturalisme à y avoir posé leurs pénates) ont fait ériger un mur de trois mètres de haut afin que leur intimité soit respectée. Vraiment pas de chance, pour les migrants, qui auraient pu garder leurs villas tous les longs mois d’hiver et contribuer à faire vivre le golf alors désespérément mort. Et avec un Kouchner les ravitaillant, sacs de riz portés virilement sur l’épaule, ça en aurait, de la gueule…

 
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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 09:49

Je vous invite à lire une passionnante interview de Kévin Boucaud-Victoire sur l’écrivain George Orwell, dont voici un extrait :

 

Vous voyez en Orwell un promoteur du «socialisme du vécu» et du «socialisme populaire». Quelles sont les spécificités de ces deux formes de socialisme?

 

Je rapproche le socialisme d'Orwell et celui de Simone Weil sur ce plan. En fait, je montre que ce ne sont pas les livres et la théorie qui ont converti Orwell au socialisme, mais ce qu'il a pu vivre, en Birmanie, dans les bas-fonds parisiens et londoniens qu'il a fréquentés, à Wigan, où il a côtoyé les ouvriers, et en Espagne. Il explique d'ailleurs qu'en Catalogne il a constaté que non seulement le socialisme était désirable, mais qu'il était en plus possible.

Orwell, comme Simone Weil, plaide pour que les socialistes partent du vécu des classes populaires.

Sinon, dans Le quai de Wigan, il affirme que «le mouvement socialiste a autre chose à faire que de se transformer en une association de matérialistes dialectiques ; ce qu'il doit être, c'est une ligue des opprimés contre les oppresseurs.» Pour lui, il doit accueillir «tous ceux qui courbent l'échine devant un patron ou frissonnent à l'idée du prochain loyer à payer». C'est en cela qu'il est vraiment populaire, alors qu'il constate que les socialistes appartiennent surtout à la classe moyenne éduquée. En fait, Orwell, comme Weil, plaide pour que les socialistes partent du vécu des classes populaires, qui ne se limitent pas qu'aux ouvriers, mais qui comprennent aussi les classes moyennes inférieures - des petits boutiquiers aux fonctionnaires -, en passant par les paysans.

 

Alors qu'en Europe la social-démocratie est en train de mourir pour cause de faillite idéologique, la pensée d'Orwell peut-elle inspirer une nouvelle gauche?

 

Je l'espère en tout cas. Sa critique du progrès par exemple me paraît essentielle. Il apparaît aujourd'hui évident que le progrès technique a «fait faillite», comme le disait Orwell, et n'a pas tenu ses promesses. Il a renforcé à la fois l'aliénation capitaliste et l'exploitation des classes populaires. «Si un homme ne peut prendre plaisir au retour du printemps, pourquoi devrait-il être heureux dans une Utopie qui circonscrit le travail? Que fera-t-il du temps de loisir que lui accordera la machine?», se demande Orwell dans «Quelques réflexions avec le crapaud ordinaire».

Son équilibre entre patriotisme et internationalisme me paraît aussi vital, quand la gauche s'est aujourd'hui parfois trop perdue dans un internationalisme abstrait, croyant que la nation renvoyait toujours aux heures les plus sombres. Ainsi, l'Anglais rappelle que «la théorie selon laquelle “les prolétaires n'ont pas de patrie” […] finit toujours par être absurde dans la pratique». La nation est le seul bien de ceux qui sont privés de tout et c'est aujourd'hui le seul cadre démocratique existant aujourd'hui. Enfin Orwell représente un socialisme qui reste radical, qui refuse à la fois de se compromettre dans l'autoritarisme, mais aussi avec le mode de production capitaliste, comme le PS depuis au moins 1983.

 

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