La disparition du professeur Luc Montagnier, âgé de 89 ans, le 8 février 2022, aurait dû susciter un peu plus d’émoi médiatique, ne serait-ce qu’à en juger par son parcours : découvreur du LAV (Lymphadenopathy Associated Virus), « virus et agent causal du SIDA », découverte qui lui vaut le prix Nobel de médecine en 2008. Et pourtant, silence radio, hormis un ou deux articulets dans la "grande presse" et quelques oraisons funèbres sur des blogs tous plus confidentiels les uns que les autres. Comme si l’homme, dérangeant déjà de son vivant, gênait plus encore post mortem…
Il faut peut-être chercher à l’une des raisons de ce blocus médiatique le fait que Luc Montagnier était fermement opposé à la politique du tout vaccinal.
Voilà qui rappelle un peu le sort d’un autre prix Nobel, l’économiste Maurice Allais qui, farouche opposant à la mondialisation économique, déplorait en fin de carrière être victime de l’omerta journalistique. Il est vrai que lui aussi avait attaqué un tabou aussi pesant que l’hygiénisme ambiant, affirmant, dans son passionnant essai, « La mondialisation : destruction des emplois et de la croissance » : « Ce livre est dédié aux innombrables victimes dans le monde entier de l’idéologie libre-échangiste, idéologie aussi funeste qu’erronée… »
Opposant farouche du traité de Maastricht en 1992, comme au projet de Constitution européenne de 2005, Maurice Allais était lui aussi un homme libre, tel qu’en témoigne une autre de ses remarques : « La mondialisation ne peut qu’apporter partout instabilité, chômage, injustices. […] La mondialisation généralisée n’est ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable. […] Le chômage est dû à la délocalisation, elle-même due aux différences salariales excessives. Le protectionnisme raisonné entre pays aux revenus très différents est non seulement justifié mais absolument nécessaire. »
Le professeur Luc Montagnier était grand officier de la Légion d'honneur depuis 2008. À ce titre, il a droit aux honneurs militaires pour ses funérailles. Il sera intéressant de voir comment l’Etat va se dérober.