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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 09:51

Le nombre et la gravité des blessures occasionnées par les lanceurs de balles de défense (LBD) employés lors des manifestations des "gilets jaunes" imposent que la France en suspende immédiatement l’usage, a estimé aujourd'hui la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic.

"Les blessures occasionnées par des tirs de LBD révèlent un usage disproportionné de la force, ainsi que l’inadaptation de ce type d’arme au contexte d’opérations de maintien de l’ordre", écrit la commissaire dans ce mémorandum de dix pages.

Elle s’inquiète du "nombre élevé" de tirs d’armes dites de force intermédiaire "alors même que leur cadre d’emploi est restrictif et qu’ils peuvent provoquer de graves blessures" : 12.122 tirs de LBD, 1.428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées et 4.942 tirs de grenades de désencerclement avaient été comptabilisés par le ministère de l’Intérieur à la date du 4 février. Notant que Christophe Castaner lui-même juge nécessaire une révision de la doctrine d’emploi de ces armes, elle recommande à la France de s’en préoccuper "au plus vite" et, en attendant, "de suspendre l’usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre".

Dunja Mijatovic se montre également très critique vis-à-vis de la proposition de loi dite "anti-casseurs", adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale et le Sénat. Elle s’inquiète de "l’effet dissuasif" que pourraient avoir, sur l’exercice du droit à la liberté de réunion, le cumul de mesures comme l’introduction d’une interdiction administrative – et non plus seulement judiciaire – de manifester, la possibilité de prononcer cette interdiction pour délit de non-déclaration de manifestation ou la création d’un délit de dissimulation du visage – actuellement une simple contravention – aux abords d’une manifestation. "De manière générale", la commissaire aux droits de l’homme "invite le législateur à se garder d’introduire dans le droit commun des mesures inspirées de l’état d’urgence".

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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 09:42

D’abord, rappelons les chiffres, car ils sont au coeur du scandale : Aéroports de Paris rapporte chaque année à l’Etat 170 millions d’euros de dividendes et 260 millions d’euros d’impôts sur les sociétés. Donc, que vous choisissiez de le dire en argot ou en franglais, ADP, c’est une pompe à fric, une véritable cash-machine.

L’idée même que l’Etat souhaite se séparer d’une telle source de revenus défie l’entendement. Ce qu’avait très bien résumé le sénateur LR Roger Karoutchi.

    “Tout ça est extrêmement inquiétant. Autant je comprends une privatisation quand une entreprise publique ne marche pas et ne peut pas marcher tant qu’elle est tenue par les règles publiques, je comprends. Aéroports de Paris est une entreprise publique qui marche bien, qui fait des bénéfices, qui investit. Franchement, gardez-là !”

Il n’en est pas question, a répondu Bruno Le Maire, cette privatisation est une “nécessité absolue” (sic). Une réponse qui a fait se lever plus d’un sourcil.

Et les explications chiffrées plus détaillées confinent à l’insulte à notre intelligence. Lisez plutôt.

La vente des 50,6% d’actions d’ADP détenue par l’Etat devrait rapporter entre 8 et 9 milliards d’euros. En même temps, l’Etat souhaite vendre un autre bijou de famille : la Française des Jeux, ainsi que des participations au sein d’ENGIE, anciennement EDF.

Tout ça doit permettre de constituer un fonds de 10 milliards d’euros qui sera placé sur les marchés financiers et qui pourrait, selon les prévisions du gouvernement, rapporter 250 à 300 millions d’euros par an (sauf en cas de crise boursière, bien évidemment). Et ces 250 à 300 millions sont destinés à financer des projets innovants qu’on a, nous dit-on, pas les moyens de financer autrement.

Résumons d’une phrase : on vend tout parce qu’on n’a pas les moyens de financer 300 millions d’euros de projets alors qu’ADP seul nous rapporte déjà 430 millions par an. Voila, voila…

Seulement, vendre et transformer le tout en un fonds spéculatif présente un énorme avantage pour… les banques. Des commissions surréalistes sont facturées par les banques à chaque transaction. Or, les 430 millions annuels actuels ne passent pas par les marchés spéculatifs. Aucune banque ne prend de commission. Bruno Le Maire a donc raison : ces privatisations sont une nécessité…  pour les banques !

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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 09:40

Alors que le général Benny Gantz est donné favori aux élections législatives israéliennes, le Premier ministre sortant, Benjamin Netanyahu, a fait alliance avec les racialistes d’Otzma Yehudit pour tenter de se maintenir.

Le général Benjamin (« Benny ») Gantz a créé une alliance avec deux autres anciens chefs d’état-major et le centriste Yaïr Lapid. Les sondages pronostiquent qu’ils pourraient battre le Likoud de Benjamin Netanyahu.

Otzma Yehudit est l’héritière de l’organisation terroriste états-unienne du rabbin Meir Kahane (la Jewish Defense League). Elle prône une hiérarchie des hommes selon les races à la manière du nazisme, mais selon un ordre différent. Elle souhaite interdire les relations sexuelles inter-raciales et expulser les « ennemis de la nation » (euphémisme pour désigner les Arabes) d’Israël.

La presse US a réagi très durement à cette alliance, rappelant que d’influents rabbins ont comparé le kahanisme au nazisme. La question se pose de savoir si l’Aipac (le lobby US pro-israélien) recevra ou non Benjamin Netanyahu lors de son prochain congrès, en mars, c’est-à-dire durant la campagne électorale israélienne.


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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:43

La dictature orwellienne de la pensée est en marche avec le gouvernement Macron. Un pas de plus a été franchi le 12 février lors de la remise du prix Ilan Halimi à l’hôtel de Matignon, une récompense destinée à récompenser des initiatives de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Le premier ministre, Édouard Philippe, a profité de cet événement pour annoncer une future loi destinée à réguler les contenus sur les réseaux sociaux afin de combattre « l’antisémitisme » « sur tous les fronts, y compris celui d’Internet et des réseaux sociaux. L’État de droit a vocation à s’appliquer partout ». Il a assuré travailler à des états généraux du numérique en vue d’une révision avant l’été de la loi de 2004 pour la confiance en l’économie numérique, afin de mieux répondre à ces problématiques. Toujours à propos de la haine en ligne, Édouard Philippe a dit sa volonté que s’engage « une réflexion sur une fermeture rapide des sites » sur lesquels prolifèrent les propos haineux. « Mais le combat éternel, c’est celui de l’éducation », a insisté le locataire de Matignon.

Ce contrôle des contenus sur les réseaux sociaux et internet s’apparente à une véritable censure dictée par l’État : ce dernier aura toute latitude pour statuer sur ce qui est ‘correct’ ou ‘incorrect’. Censure politiquement orientée, elle vise en premier lieu les ‘populismes’ et mouvements identitaires…

Comparable aux lois régissant l’accès à internet dans les dictatures communistes telle la Chine où la circulation de rumeurs sur les réseaux sociaux est punie de 7 ans de prison, cette loi de répression en préparation piétine les libertés d’opinion et d’expression tout spécialement dans le champ politique.

La France c’est la Corée du Nord en marche…


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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:36

Se prétendre tolérant est une chose. L’être vraiment en est une autre. C’est un peu comme l’amour et les preuves d’amour. Nicolas Gardères, avocat de profession et tolérant proclamé, mérite, ne serait-ce que par la publication de son essai, Voyage d’un avocat au pays des infréquentables, de s’asseoir, justement, à la table des gens manifestement aussi fréquentables que lui, de son camp politique ou non.

Pourtant, Nicolas Gardères, coutumier du plateau de « Bistro Libertés », déteste tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, aux idées des « fachos ». Tout en faisant preuve d’une empathie, non feinte, vis-à-vis des mêmes « fachos ». Comme quoi cet athée n’hésite pas – mais le sait-il seulement, ce brave gars ? – à emprunter au vocabulaire clérical, voulant que ce soit le péché que l’on condamne et non point le pécheur.

Pour tester, non pas forcément le bien-fondé de sa feuille de route, mais au moins sa solidité, il suffit de se rapporter aux longues pages consacrées à la défense de Serge Ayoub, maudit parmi les maudits, à l’occasion de la mort d’un « antifa », un gamin, Clément Méric. La défense de Serge Ayoub, il l’assure à la fois contre la voix de sa corporation, parfois frileuse, mais surtout contre des clopinettes. Tout comme il s’occupe de celle de Riposte laïque, pour un budget à peine moindre. Et défend les intérêts de la Ligue de défense judiciaire des musulmans ; ce qui n’a pas, non plus, contribué à l’enrichir…

Le seul point commun à ces clients aux plans de vie parfois contradictoires ? Celui d’une liberté d’expression totale ; ce qui ne participe pas exactement des élégances sociétales du temps.

Européiste revendiqué, libéral convaincu, adhérent à EELV, Nicolas Gardères affirme pourtant, à l’occasion d’un entretien accordé au Point, le 12 décembre 2018 : « Je ne supporte pas la démocratie lacrymale. Nous oublions nos grands principes parce que nous sommes angoissés à l’idée que des gens pleurnichent. Ce n’est pas ça, la démocratie. La démocratie, c’est l’affrontement, le conflit, l’impératif dialogique. La liberté d’expression, ce n’est pas seulement Voltaire et Rousseau qui se castagnent. La démocratie, c’est aussi des connards qui ont le droit de s’exprimer au coin de la rue ou sur Internet. »

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:29

« Trumpisation » de la société, « lepénisation des esprits », « jeanpierrepernaultisation de l'information », les éditorialistes ne savent plus qui accabler pour expliquer la montée des populismes. Il existe pourtant une autre lecture du phénomène. Christophe Guilluy est le géographe maudit de la gauche française. Ses torts ? Une analyse qui prend les réformistes à rebrousse-poil et des livres qui décortiquent les rouages inconscients de notre ordre social. Si Manuel Valls considère qu'expliquer, c'est déjà vouloir excuser, Christophe Guilluy préfère comprendre plutôt que condamner.

L'élection d'un populiste comme Donald Trump ne semble pas vous étonner. Un tel scénario pourrait-il advenir en France ?

Christophe Guilluy : Étant donné l'état de fragilisation sociale de la classe moyenne majoritaire française, tout est possible. Sur les plans géographique, culturel et social, il existe bien des points communs entre les situations françaises et américaines, à commencer par le déclassement de la classe moyenne. C'est « l'Amérique périphérique » qui a voté Trump, celle des territoires désindustrialisés et ruraux qui est aussi celle des ouvriers, employés, travailleurs indépendants ou paysans. Ceux qui étaient hier au cœur de la machine économique en sont aujourd'hui bannis. Le parallèle avec la situation américaine existe aussi sur le plan culturel, nous avons adopté un modèle économique mondialisé. Fort logiquement, nous devons affronter les conséquences de ce modèle économique mondialisé : l'ouvrier – hier à gauche –, le paysan – hier à droite –, l'employé – à gauche et à droite – ont aujourd'hui une perception commune des effets de la mondialisation et rompent avec ceux qui n'ont pas su les protéger. La France est en train de devenir une société américaine, il n'y a aucune raison pour que l'on échappe aux effets indésirables du modèle.

Vous considérez que personne n'a vu venir le phénomène Trump ou le Brexit, car les représentations des classes populaires sont erronées…

Dans l'ensemble des pays développés, le modèle mondialisé produit la même contestation. Elle émane des mêmes territoires (Amérique périphérique, France périphérique, Angleterre périphérique… ) et de catégories qui constituaient hier la classe moyenne, largement perdue de vue par le monde d'en haut.

Oui, la perception que des catégories dominantes – journalistes en tête – ont des classes populaires se réduit à leur champ de vision immédiat. Je m'explique : ce qui reste aujourd'hui de classes populaires dans les grandes métropoles sont les classes populaires immigrées qui vivent dans les banlieues c'est-à-dire les minorités : en France elles sont issues de l'immigration maghrébine et africaine, aux États-Unis plutôt blacks et latinos. Les classes supérieures, qui sont les seules à pouvoir vivre au cœur des grandes métropoles, là où se concentrent aussi les minorités, n'ont comme perception du pauvre que ces quartiers ethnicisés, les ghettos et banlieues... Tout le reste a disparu des représentations. Aujourd'hui, 59 % des ménages pauvres, 60 % des chômeurs et 66 % des classes populaires vivent dans la « France périphérique », celle des petites villes, des villes moyennes et des espaces ruraux.

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:24

Les actionnaires chinois de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, Friedmann Pacific Asset Management (FPAM) et Shandong Hi Speed Group (réunis dans le consortium Casil Europe), ont mis en vente leur participation. La privatisation, qui date de 2014, avait été très critiquée par la Cour des comptes, après avoir été épinglée par un rapport parlementaire.

Casil Europe avait alors acquis 49,9 % des parts du 3e aéroport régional français (plus de 9,6 millions de passagers en 2018) pour la somme de 308 millions d’euros.

Selon nos confrères de La Dépêche du Midi, les Chinois de Casil Europe viennent de choisir les trois finalistes.

    - Un groupement mené par Vinci Airports allié à la Caisse des dépôts Infratructure et à Predica (groupe Crédit Agricole).
    - Eiffage, qui se présenterait seul.
    - Un groupement réunissant la société de capital investissement Ardian, la Banque Populaire Occitane, la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées et les fonds Mirova (Natixis).

Casil avait fixé un prix de réserve confidentiel en dessous duquel il ne souhaitait pas vendre. Les spécialistes l’estiment à environ 500 M€.

Les candidats ont jusqu’au 15 mars pour déposer une offre ferme (“Binding offer“). D’ici là, ils vont réaliser les audits et vérifications de la société d’exploitation de l’aéroport (Due diligence).

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:22

La Conférence ministérielle de Varsovie sur la Paix et la sécurité au Moyen-Orient n’a accouché que d’une chose importante et pas celle qui avait été prévue : Israël s’y est affiché avec des États arabes, discutant avec eux alors qu’ils n’entretiennent pas de relations diplomatiques officielles.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a profité du vote de la Chambre des représentants US contre la guerre du Yémen pour révéler son engagement militaire dans ce pays.

En réalité, cette guerre a commencé dès le premier jour avec des troupes saoudiennes, émiraties et israéliennes. Les trois États avaient installé un état-major commun au Somaliland, un pays non-reconnu mais contrôlé par Tel-Aviv.

Cette guerre avait fait l’objet de plusieurs années de négociations entre Israël et l’Arabie saoudite. Elle avait pour objectif d’exploiter les réserves pétrolières du « quart vide », cette zone à cheval sur l’Arabie et le Yémen. Elle devait se prolonger par un projet commun dans la corne de l’Afrique.

Pour Israël, la révélation de son engagement au Yémen est un pas de plus après celui de ses interventions incessantes en Syrie. Il s’agit de s’affirmer comme un État agissant contre les intérêts iraniens. C’est en réalité une réécriture de l’Histoire puisque avant les interventions israéliennes, il n’y avait pas d’Iraniens, ni en Syrie, ni au Yémen.

Pour les États-Unis, cette révélation est un pas de plus dans la constitution de l’alliance judéo-sunnite contre les chiites, annoncée par le secrétaire d’État, Mike Pompeo.

Une soixantaine de délégations étrangères a assisté à ce show sans réagir. La presse occidentale a passé cette conférence sous silence.

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 10:40

C’est Philippe Sollers qui a levé… le lièvre ! Dans une lettre ouverte envoyée à Alain Juppé, ex-maire de Bordeaux, l’écrivain s’étouffe, et on le comprend !

"Cher Alain Juppé,
Je m’étonne beaucoup d’apprendre que vous avez validé au nom de la ville de Bordeaux l’incroyable changement de noms de certains vins du terroir, qui deviennent des appellations du folklore chinois (via Hong Kong) et c’est ainsi que débarquent chez nous le lapin impérial, le lapin d’or, l’antilope tibétaine, et la grande antilope. Je ne suis pas excessivement curieux de connaître la vie de ces animaux, n’ayant jamais rencontré, dans mon enfance à Bordeaux, le moindre lapin impérial ni la moindre antilope tibétaine. N’y a-t-il aucun moyen de réattribuer ce vin à sa source légitime, fixée par les siècles ? En tout cas, je trouve toute cette affaire consternante. Bien amicalement à vous, cher Alain.

Philippe Sollers"

En fait, c’est dès 2017 que l’alerte a été donnée. A ce moment-là, on constatait déjà les dégâts : Tour Saint-Pierre à Saint-émilion qui devient château Lapin d’Or, Château Senilhac à Saint-Seurin-de-Cadourne renommé Château Antilope Tibétaine, le Pomerol château Clos Bel-Air, devenu Château Grande Antilope et château Larteau rebaptisé Château Lapin Impérial. Etc.

Que va donc faire “le meilleur d’entre eux” ? Probablement ce qu’il sait faire de mieux : rien.

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 10:36

Les droits de la défense sont-ils bafoués si on porte un gilet jaune ? Alors que, début janvier, plus de 5 000 personnes ont fait l’objet d’un placement en garde à vue depuis le début du mouvement, donnant lieu à plus de 800 comparutions immédiates, les avocats des “Gilets jaunes” se disent inquiets. Dans une tribune publiée sur Franceinfo, 59 avocats mettent en garde contre “les dérives” qu’ils ont pu constater dans le traitement de ces dossiers.

Nous reproduisons cette tribune :

Notre pays traverse une période de contestation inédite sous la Ve République depuis le 17 novembre 2018. De manière tout aussi inédite, les juridictions, principalement pénales, sont particulièrement sollicitées afin de statuer, dans des conditions parfois discutables, sur la culpabilité ou l’innocence de justiciables qui, pour un grand nombre d’entre eux, n’ont jamais eu à connaître les instances judiciaires pénales ni même les services de police et d’enquête. Les gardes à vue sont légion et ont lieu dans des conditions qui inquiètent nombre d’avocats, auxiliaires de justice mais aussi défenseurs des libertés publiques et individuelles.   

Par la présente tribune, nous, avocats signataires, entendons alerter quant au danger que constituent ces procédures faites souvent dans l’urgence et visant principalement à gonfler, souvent de manière artificielle, des chiffres qui seront annoncés par le ministère de l’Intérieur.

En amont de toute poursuite et sans décision judiciaire, nous avons pu constater la violation délibérée des droits de manifestants par des expulsions et délogements totalement illicites et en ayant recours à la force publique. Nous avons constaté des poursuites pour des motifs saugrenus telle qu’occupation illicite du domaine public alors que les personnes poursuivies n’avaient fait que stationner quelques minutes aux alentours d’un rond-point.

Certains encore ne sont pas tenus informés des suites judiciaires décidées par le seul parquet : soit de remise en liberté, soit de leur présentation devant un procureur de la République alors que l’avocat doit être averti de celles-ci.

Pire encore, tant dans le cadre des auditions libres que durant les gardes à vue, nombre de “gilets jaunes” indiquent que des enquêteurs les ont dissuadés du recours à l’assistance d’un avocat en arguant que si l’avocat intervenait, ils seraient remis en liberté beaucoup plus tardivement. Nombre de personnes ont donc renoncé au droit essentiel de la présence d’un avocat à leurs côtés, espérant ainsi une sortie plus rapide de garde à vue ou bien la clémence des services judiciaires.

Nous tenons ici à rappeler que nombre de “gilets jaunes” n’ont jamais eu à connaître auparavant la justice pénale. Après des enquêtes souvent rapides, des investigations réduites au minimum et des prolongations de garde à vue dites de “confort”, les gardés à vue sont fréquemment déférés lors de comparutions immédiates. Ces procédures où le mis en cause est jugé immédiatement après une garde à vue par définition éprouvante, sont habituellement réservées aux personnes ayant des antécédents judiciaires, pour des affaires relativement évidentes et relevant d’une gravité certaine.

Pour autant, s’agissant des “gilets jaunes”, nous avons pu voir ce choix procédural du parquet être mis en œuvre pour des affaires plus complexes, pour des personnes sans aucun antécédent et s’agissant d’affaires ne présentant pas la gravité habituellement retenue pour ce choix procédural (dégradations, outrages…).

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’autres membres de l’exécutif mais aussi le président Emmanuel Macron ont indiqué dans des tweets ou par voie de presse que des réponses judiciaires sévères seront apportées par la justice. Cette sévérité ainsi demandée aux magistrats du siège pourrait constituer une atteinte à leur indépendance.

Cependant, il semblerait que certains magistrats ne s’émeuvent pas des consignes des pouvoirs publics et adhèrent à cette sévérité en prononçant des peines fermes avec mandat de dépôt en ne tenant pas compte des critères habituels, notamment celui de la personnalisation de la peine et son adaptation au profil et aux faits reprochés et ce alors que les mis en cause n’ont jamais été condamnés.

De manière tout aussi fréquente, sont mises en place des procédures de convocation par procès-verbal remis par les procureurs et donc plaçant les mis en cause sous contrôle judiciaire parfois de longs mois avant leurs jugements. Ces contrôles judiciaires, très contraignants, portent parfois des obligations ayant des conséquences graves, comme des interdictions de paraître dans certaines villes alors qu’il s’agit du lieu de travail des mis en cause, ou encore des obligations de soins sans lien avec les faits reprochés ou même des interdictions de conduire tout véhicule bien que sans lien avec les faits reprochés. Nous avons même pu constater une interdiction de quitter le domicile entre certains horaires !

Certains avocats et aussi des magistrats du siège constatent aujourd’hui cette sévérité pénale et manifestement souvent inadaptée, et s’en émeuvent.

L’identification de policiers mis en cause est longue et laborieuse, les poursuites rares, dans le cadre de procédures excluant les avocats (enquêtes préliminaires, enquêtes internes) de sorte qu’à ce jour, à la connaissance des avocats signataires, aucune poursuite pénale n’a abouti concernant des violences policières. Nous dénonçons par ailleurs des comportements qui posent question de la part des services de police quant à la présence de certains avocats, qui ont pu s’émouvoir de pratiques policières qu’ils constataient et qui ont fait l’objet eux-mêmes de mesures coercitives particulièrement inquiétantes. Nous pensons notamment à notre confrère de Nancy.

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