Le 19 janvier, les autorités philippines ont décrété la suspension de l’envoi de main d’œuvre vers le Koweït, après la mort de sept employées de maison philippines.
Fin janvier, un autre événement a mis de l’huile sur le feu. Le corps de Joanna Demafelis, une employée de maison philippine, a été découvert dans le congélateur d’un appartement abandonné dans la capitale koweïtienne.
La jeune femme avait été tuée un an auparavant par ses employeurs et son corps portait des marques de strangulation. Après cette découverte macabre, le ministère du Travail des Philippines a décidé l’interdiction totale de l’envoi de main d’œuvre au Koweït et le président Rodrigo Duterte a appelé au rapatriement de tous les travailleurs philippins qui y résident.
À la demande de Manille, le gouvernement koweïtien a alors accordé aux employées de maison philippines un délai de trois semaines (qualifié d’”amnistie” par les autorités du Koweït) durant lequel elles étaient autorisées à se réfugier à l’ambassade en vue de leur rapatriement aux Philippines. Plus de 10 800 employées de maison philippines dont le visa a expiré, ou qui ont fui leurs employeurs, étaient ainsi autorisées à rentrer chez elles.
Ce délai a ensuite été prolongé de deux mois, jusqu’au 22 avril. Jusque-là, seulement 3 000 travailleuses avaient alors fait appel à l’ambassade, et 337 d’entre elles avaient été rapatriées à bord de trois vols commerciaux.
Or, le 19 avril, un membre du ministère des Affaires étrangères philippin a fait fuiter des vidéos montrant des membres de l’ambassade au Koweït qui aident des employées de maison à s’enfuir de chez leurs employeurs.
Les images ont provoqué un tollé côté koweïtien. Les autorités du pays ont ainsi arrêté deux Philippins impliqués dans ces opérations, indiquant que les véhicules qu’on voyait dans ces vidéos appartenaient à l’ambassade, information que les autorités des Philippines n’ont pas démentie. Malgré les excuses présentées par celles-ci, le Koweït a rappelé son ambassadeur à Manille et a posé un ultimatum d’une semaine à l’ambassadeur des Philippines pour quitter le pays.
Les scandales de maltraitance des employés de maison venues du sud-est de l’Asie sont fréquents dans les pays du Golfe, mais c’est la première fois que cette question prend une telle ampleur.
Plus de deux millions de Philippins sont employés dans le Golfe, dont plus de 250 000 au Koweït. Les jeunes femmes y travaillent comme employées de maison dans l’espoir de venir en aide à leurs familles. Ces aides constituent une importante manne économique pour les Philippines. Mais le système de ”kafala” (tutelle qui rend les travailleurs immigrés totalement dépendants de leurs employeurs), la confiscation de leurs passeports et les rudes conditions de travail font qu’elles déchantent très vite.