À 15 ans (1807), Jean-François Champollion présente à l’académie de Grenoble un livre, L’Égypte des pharaons, devant un auditoire émerveillé ; ce qui lui vaut d’être élu académicien un an plus tard. À 18 ans, il est docteur et professeur à l’université de Grenoble. On n’y avait jamais vu un professeur si jeune et si brillant.
Un des officiers de Bonaparte a fait en Égypte une découverte linguistique fondamentale en tombant sur la désormais célèbre pierre de Rosette ; c’est une stèle en granit noir dont les inscriptions accéléreront les recherches de Champollion alors que d’autres grands chercheurs, tel l’Anglais Thomas Young, vont s’y casser les dents. Et que son ancien professeur, Antoine Sylvestre, deviendra son détracteur. Par jalousie, sans doute !
Le surdoué réussit à se procurer une copie de la fameuse pierre, laquelle a pour caractéristique d'être écrite en deux langues et trois écritures : hiéroglyphes, égyptien populaire et grec.
En s’appuyant également sur l’immense documentation rapportée d’Égypte, entre autres sur l’obélisque de Philae et sur le temple d’Abou Simbel, notre génie va faire des recoupements et dénouer l’extrême complexité des hiéroglyphes.
En résumé, chaque dessin peut correspondre à un son, à une syllabe ou un mot entier (phonogramme) ou bien à une idée (idéogramme). Et tous peuvent se combiner. Quand on sait que le sens des hiéroglyphes a lui-même évolué au cours des siècles et que la lecture peut se faire de droite à gauche ou inversement selon le profil des personnages, cela donne une idée du « casse-tête chinois » !
Un seul précurseur, l’abbé Barthélémy, un archéologue, avait découvert un siècle plus tôt que les rares mots entourés d’un cartouche (boucle ovale) correspondaient aux noms des rois. Ramsès, Ptolémée, Cléopâtre sont ainsi identifiés et Champollion élabore un premier alphabet phonétique.
Le 14 septembre 1822, les hiéroglyphes n’ont plus de secret pour lui. C’est comme si toute la civilisation égyptienne se révélait sous ses yeux. Il se précipite pour aller l’annoncer à son frère et s’écroule par terre, inanimé par l’émotion et la fatigue. Il reste cinq jours dans le coma. Puis reprend son propos tranquillement en se réveillant.
Il a enfin le temps de réaliser son rêve, de 1828 à 1830, en mettant pour la première fois les pieds en Égypte - une mission scientifique financée par le gouvernement - avant de mourir trop jeune, épuisé par ses travaux en 1832. Il n’a que 41 ans.
Le plus bel hommage rendu à Champollion restera sans doute le cadeau de l’Égypte reconnaissante : l’obélisque de Louxor, qui se dresse désormais sur la place de la Concorde à Paris, dans l’alignement de l’Arc de Triomphe et du Louvre : 22 mètres de haut, 230 tonnes de pierre et 3.300 ans d’âge.