La période me paraît adaptée pour tous ceux qui manifestent le désir de se lancer dans un élevage. Je conseille d’élever le mouton. Les avantages sont en effet considérables. Le mouton est inoffensif, et uniquement végétarien. Il ne cherche pas à se défendre contre son maître. Il accepte tous les mauvais traitements. Entre autres avantages, le mouton donne volontiers sa peau, sa viande, sa laine, et son lait quand il est de sexe féminin. On peut mettre à profit l’ensemble de ces services, rendus systématiquement à l’être humain et sans contrepartie. Il suffit de bien choisir la race, on préfèrera la variété dite « de Panurge » pour son aptitude à se fondre dans le troupeau. Les troupeaux de moutons obéissent à tous les ordres, et ils sont désemparés quand on les laisse seuls, livrés à eux-mêmes. Ils sont connus dans la bible sous l’appellation « ouailles », ou quand ils s’éloignent de leur modèle, le mot « brebis égarée » leur va comme un gant. Ils ont donc un besoin impérieux de « pasteurs ». Ils tendent le cou pour se laisser égorger dans les cas graves, et alors ils deviennent « bêtes de sacrifices ». C’est leur vocation première. Quand on les enferme, dans une prison, ils dénoncent tout naturellement leurs complices afin de se sauver eux-mêmes. Ils pratiquent donc la délation, et c’est important dans la période que nous vivons. Nous avons évoqué leur alimentation. Le mouton est non seulement herbivore, mais il se contente d’une herbe rare, il paît longuement sans réfléchir, perdu dans des méditations au milieu des alpages. Seul, le mâle peut devenir un instrument dangereux. On le désigne alors sous le terme de « bélier ». A noter qu’il est inoffensif puisqu’il est mort. Ce sont les hommes qui l’utilisent comme machine de guerre. A l’état naturel le mouton est un animal très doux, qu’on peut laisser sans aucun risque jouer avec les enfants, ou avec les personnes âgées. D’ici une vingtaine d’années, les moutons vont envahir les campagnes et même les villes, les grandes métropoles et les petites cités pavillonnaires, puisque les moutons se contentent d’une herbe rare, et ils iront paître dans les terrains vagues.