Un attentat à la voiture piégée a dévasté ce matin le siège de la police à Midyat, une ville du sud-est de la Turquie, habitée majoritairement par des Kurdes. Cette attaque intervient au lendemain de l'explosion d'un véhicule piégé visant un car des forces de sécurité dans le centre historique d'Istanbul, qui a fait onze morts. Selon les premiers bilans, un policier et deux civils ont été tués et une trentaine de personnes blessées à Midyat. La façade de l'immeuble de quatre étages de la sous-préfecture de police a été entièrement ravagée par le souffle de l'explosion. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait du bâtiment tandis qu'une noria d'ambulance évacuait les victimes.
Selon la chaîne CNN-Türk, un véhicule bourré d'explosifs a tenté de forcer un barrage de sécurité devant le poste de police. Des policiers en faction ont alors tiré sur le chauffeur qui aurait à ce moment-là actionné la charge. Malgré l'absence pour l'instant de revendication, l'agence progouvernementale Anatolie a attribué l'attaque aux rebelles kurdes. «L'auteur de cette attaque est l'organisation meurtrière PKK», a assuré le premier ministre turc, Binali Yildirim.
Située dans la province de Mardin à une cinquantaine de km de la frontière syrienne, Midyat, une ancienne cité syriaque, avait été jusqu'à présent épargné par la guerre entre le PKK, la guérilla séparatiste kurde, et les forces armées turques. Un attentat avait cependant visé il y a quelques jours une caserne à Anitli, un village voisin habité par des chrétiens, causant trois morts et endommageant une église.
L'action terroriste de Midyat survient un peu plus de 24 heures après l'attentat qui a secoué Vezneciler, un quartier touristique d'Istanbul. Les explosifs dissimulés dans une voiture en stationnement avaient été déclenchés à distance au passage d'un bus de la police antiémeutes. L'attentat s'était produit à une heure de pointe dans ce secteur très fréquenté et avait causé 11 morts et 36 blessés, dont trois sont toujours dans un état grave. Mardi, le président Recep Tayyip Erdogan avait immédiatement désigné comme responsable les combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).