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3 juin 2017 6 03 /06 /juin /2017 10:39

Des salariés bousculés par les réorganisations qui disent ne plus trouver "leur place", des "pressions managériales" pointées du doigt par les syndicats après plusieurs suicides : la cote d'alerte est-elle atteinte à la SNCF, qui revendique pourtant une démarche modèle depuis plusieurs années ?

En avril, la CGT-cheminots posait la question : "Y a-t-il un syndrome SNCF ?" comparable à la souffrance des salariés de France Telecom et à la série de suicides de 2008-2009. Le premier syndicat de la SNCF y voit des "ressemblances frappantes".

Si toutes ne font pas le parallèle, les quatre organisations représentatives (CGT, Unsa, SUD, CFDT) ont demandé ensemble mi-avril une "table ronde sur les risques psychosociaux".

Selon les organisations du personnel, le malaise monte depuis plusieurs années. Indicateur symptomatique, les arrêts maladie ont augmenté de 8% entre 2008 et 2015, quand les effectifs diminuaient de 6%.

Et le premier trimestre 2017 a été marqué "par un nombre exceptionnel de drames", accidents graves du travail ou suicides, soulignent-elles.

Au moins six suicides pouvant avoir un lien avec le travail ont été recensés sur les trois premiers mois par SUD-rail, dont celui d'un de ses délégués à Saint-Lazare.

Les syndicats pointent eux aussi une montée des "inquiétudes": les cheminots se demandent si "demain, ils vont changer de métier" ou devront "aller travailler dans une filiale", rapporte un délégué CGT.

Mais ils imputent également le mal-être ambiant à une "dégradation des conditions de travail" déjà palpable, conséquence de la suppression de 100.000 postes depuis le début des années 80 et des "réorganisations incessantes" pour gagner en productivité.

Près de 27.000 salariés ont vécu un changement d'organisation du travail en 2015, indique le bilan social.

La plupart ont pour effet de "casser les collectifs de travail" et d'accroître "polyvalence et mobilité", déplore le porte-parole de la CGT.

Une réorganisation en cours dans les gares d'Ile-de-France, baptisée "petits collectifs" est particulièrement pointée du doigt. En février, la psychologue du travail Françoise François a alerté le PDG sur le "risque de danger grave et imminent" pesant sur les agents concernés. Elle a reçu depuis novembre une trentaine de salariés.

La nouvelle organisation, dont l'objet affiché est de "recréer de l'humain" en augmentant le nombre de managers de terrain, est source de tensions autour des notations et plannings, confiés à des "petits chefs", qui pour certains ont "à peine trois ans d'expérience", témoigne Sophia Brinis, agent de réserve à Saint-Lazare en arrêt maladie depuis janvier.

Entrée à la SNCF à 22 ans, il y a 10 ans, elle en est à son "7e chef" et affirme aujourd'hui se sentir "infantilisée" dans la nouvelle organisation. "Je n'ai plus ma place", dit la jeune femme, certaine d'avoir développé un "syndrome anxio-dépressif à cause de la SNCF". Elle en veut beaucoup à la médecine du travail, qui "vous fait culpabiliser" sur votre absence.

Autre situation de souffrance, celle des agents du réseau qui voient leur tâches confiées à des sous-traitants. "On leur dit « tu es cher, tu es nul ». Pour des gens attachés à leur métier, c'est très difficile", raconte un délégué SUD Rail.

A la maintenance, poursuit-il, les interventions "ont été fragmentées pour augmenter la rotation des trains" et "un mécanicien se fait engueuler s'il change une plaquette de frein usée sur un train rentré pour un contrôle des WC ».

 

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