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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 10:34

Depuis 70 ans, l’obsession des stratèges états-uniens n’aura pas été de défendre leur peuple, mais de maintenir leur supériorité militaire sur le reste du monde. Durant la décennie allant de la dissolution de l’URSS aux attentats du 11 septembre 2001, ils cherchaient les manières d’intimider ceux qui leur résistaient.

Harlan K. Ullman développait l’idée de terroriser les populations en leur assénant un formidable coup sur la tête (Shock and awe, le choc et la stupeur). C’était idéalement l’usage de la bombe atomique contre les Japonais, dans la pratique, le bombardement de Bagdad par une pluie de missiles de croisière.

Les Straussiens (c’est-à-dire les disciples du philosophe Léo Strauss) rêvaient de mener et de gagner plusieurs guerres à la fois (Full-spectrum dominance, la domination tous azimuts). Ce furent donc les guerres d’Afghanistan et d’Irak, placées sous un commandement commun.

L’amiral Arthur K. Cebrowski préconisait de réorganiser les armées de manière à traiter et à partager une foule de données simultanément. Ainsi des robots pourraient un jour indiquer instantanément les meilleures tactiques. Comme nous allons le voir, les profondes réformes qu’il a initiées n’ont pas tardé à produire des fruits vénéneux.

 

La pensée néo-impérialiste US

Ces idées et ces phantasmes ont d’abord conduit le président Bush et la Navy à organiser le plus vaste système d’enlèvement international et de torture, qui a fait 80 000 victimes. Puis, le président Obama à mettre sur pied un système d’assassinat, principalement par drones mais aussi par commandos, qui opère dans 80 pays et dispose d’un budget annuel de 14 milliards de dollars.

À partir du 11-Septembre, l’assistant de l’amiral Cebrowski, Thomas P. M. Barnett, a dispensé de nombreuses conférences au Pentagone et dans les académies militaires pour annoncer ce que serait la nouvelle carte du monde selon le Pentagone [5]. Ce projet a été rendu possible par les réformes structurelles des armées US ; réformes dont découle cette nouvelle vision du monde. Il semblait si délirant que les observateurs étrangers le considérèrent hâtivement comme une rhétorique de plus pour susciter la peur des peuples à dominer.

Barnett affirmait que pour maintenir leur hégémonie sur le monde, les États-Unis devaient « faire la part du feu », c’est-à-dire le diviser en deux. D’un côté, des États stables (les membres du G8 et leurs alliés), de l’autre le reste du monde considéré comme un simple réservoir de ressources naturelles. À la différence de ses prédécesseurs, il ne considérait plus l’accès à ces ressources comme vital pour Washington, mais prétendait qu’elles ne seraient accessibles aux États stables qu’en passant par les services des armées états-uniennes. Dès lors, il convenait de détruire systématiquement toutes les structures étatiques dans ce réservoir de ressources, de sorte que personne ne puisse un jour ni s’opposer à la volonté de Washington, ni traiter directement avec des États stables.

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