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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 10:09
C’est très triste à dire, mais les cheminots – et la société avec eux – ont perdu leur combat. C’est d’autant plus triste que les syndicats ont mené ce combat avec intelligence, trouvant un mode d’action original, évitant les débordements, et qu’ils ont su malgré la partialité d’un système médiatique tout acquis au gouvernement éviter de se mettre à dos les usagers.

 

Mais il n’en reste pas moins que la défaite est là. Et elle n’est pas syndicale, mais politique. Les cheminots vont être battus parce qu’ils n’ont aucun relais politique pour remettre en cause cette logique qui sous-tend la transformation du transport ferroviaire, celle de l’ouverture à la concurrence « libre et non faussée » dans la logique des traités européens. L’ouverture à la concurrence du rail, déjà acquise dans le fret, sera étendue au transport de passagers. L’accord est signé et paraphé, il n’y a plus rien à discuter.  Et il conditionne tout le reste : la fin du statut, le dépeçage de l’opérateur national, la fin des lignes non rentables.

(…)

Rappelons, pour commencer, que le premier « paquet ferroviaire » - on en est au quatrième - de la Commission européenne, prévoyant l’ouverture de la concurrence sur le fret, et qui à cet effet organise le dépeçage de la SNCF en séparant les activités d’infrastructure de celles de transport, a été négocié à partir de 1998 et signé en 2001. C’est donc le gouvernement de la « gauche plurielle », au pouvoir depuis mai 1997, qui a conduit la négociation et qui a apposé sa signature au pied des directives européennes. Rappelons qu’à la date de signature du « paquet » ce gouvernement était dirigé par un socialiste (Lionel Jospin), que le ministre des transports était communiste (Jean-Claude Gayssot), que Jean-Luc Mélenchon en était ministre (de l’enseignement professionnel), que les Verts avaient aussi des ministres. Et qu’on dit toutes ces personnalités lorsque le « paquet » fut signé ? Ont-ils rendu leurs portefeuilles ? Ont-ils déposé une motion de censure ? Ont-ils même exprimé leur opposition et appelé à manifester ? Non. Personne, ni les hommes ni les organisations n’ont jugé que la question méritait une prise de position forte, qu’elle était politiquement significative. Toutes ces personnalités, toutes ces organisations s’y sont accommodées, tout comme elles se sont accommodées à l’ensemble des remises en cause des services publics associées à d’autres « paquets » européens, comme la privatisation de France Telecom, ou du démarrage de l’ouverture à la concurrence de l’électricité et du gaz, décidé au sommet de Barcelone de 2002. 

 

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