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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 09:52

Quand un rappeur rencontre un autre rappeur, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de… rien du tout. Ils se tapent dessus. A l'aéroport d’Orly, une bataille rangée a eu lieu entre Booba assisté de ses sbires et un certain Kaaris et sa bande, tous deux rappeurs très remontés contre la haine, le racisme et toutes ces violences qui rongent notre société.

Alors que l’origine de l’antagonisme laisse indifférente l’intégralité des témoins de la scène, France Info prend la peine d’aller faire une enquête dans l’univers « rappeur » pour en exposer le contenu. Le douloureux problème se résume ainsi : « Booba reproche au rappeur de Sevran de ne pas l’avoir soutenu, lors de son clash avec La Fouine en 2013. » Bigre ! Déjà en conflit avec un autre collègue de bureau en 2013, Booba serait l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu La Fouine et n’a pas bronché. Pas tiré un seul coup de feu alors que la bête était à sa portée. Dans la jungle, terrible jungle, la fouine bouge encore, et par la faute de l’impertinent d’Orly, l’empêcheur de décoller en rond. Merci France Info pour cet exposé de fond sans lequel nous ne saurions rien de la poésie qui habite ces deux animateurs de salle d’attente.

Dans un autre papier consacré à cet intermède, France Info s’enfonce dans l’épais brouillard qui entoure les raisons du conflit et parle d’un contentieux Booba vs Rohff (?). Une agression commise dans une boutique de vêtements pour laquelle il aurait été condamné à cinq ans de prison. Jugement en appel qui serait, lui aussi, à verser au lourd dossier du Kaaris. Le sujet est épuisant.

Après fermeture du hall 1, les Booba, Kaaris et une douzaine d’autres personnes ont été interpellées et auditionnées (sans boîte à rythmes). Les passagers en partance pour des pays lointains se sont promis de ne jamais revenir.

 

Mais qui sont-ils, ces deux lascars ?

Kaaris, Okou Armand Gnakouri de son vrai nom, est un immigré ivoirien ayant grandi à Sevran. Son titre de gloire musical ? La chanson « Kalash ». Qui, à l’en croire, « a traumatisé les gens, a traumatisé le rap français, a traumatisé la street, a traumatisé tout le monde ». De fait, elle a surtout traumatisé ceux qui l’ont entendue, parce que, dans le genre « ennemi public », c’était du Vivaldi. Quant au clip éponyme, façon sketch des « Inconnus » : « New York, Los Angeles, Boston ou Sarcelles, c’est le même destin », il semble avoir été tourné après un pari idiot suite à une soirée trop arrosée : entre armes automatiques en plastoc, filles aux seins en plastique et Ferrari d’un rose bonbon du plus bel effet, Kaaris y partage la vedette avec un certain… Booba.

De son côté, le pedigree de Booba n’est pas non plus au top de la « street credibility ». Son père est un mannequin sénégalais et sa mère, d’origine belge, exerce la profession de greffière (!). Il grandit à Meudon-la-Forêt ; c’est-à-dire assez loin des Minguettes, et encore plus de Harlem. Il prétend être de « confession musulmane » pour faire taire les rumeurs qui le donnent pour « juif ». Pour mettre tout le monde d’accord, en 1997, il braque un chauffeur de taxi qui, pourtant, n’y était pour rien. Ce qui lui vaut quelques mois de prison. Au trou, il se fait alors appeler le « Duc ». Normal, c’est un poète.

Entre Kaaris et Booba, il y a encore d’autres points communs. Toujours inspirés des USA, là où les rappeurs gagnent plus d’argent en vendant des fringues que des disques, Booba lance sa propre marque, Unküt, tandis que Kaaris crée la sienne, Jeune Riche.

Tout un programme.

 
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