Ce matin, sur le coup de 6 heures, heure où la sonnerie de ma casemate personnelle retentit, nous invitant à cirer la semelle de nos chaussures et à nous positionner devant le drapeau, au garde-à-vous, et sur notre quant-à-soi, impeccables, l’œil toujours fixé sur la ligne bleue des Vosges, même si c’est un symbole dépassé. Donc, j’allume mon ordinateur et je suis frappé par une nouvelle fracassante : « La fête dégénère ! »…
Mais c’est seulement une publicité pour un film ! Hélas ! Encore une fois, on aura été privé du meilleur de l’actualité ! Car il est dans la nature de la fête, de dégénérer. Et sous la forme d’une guerre ! Ah putain ! Vous pourriez vous instruire. En lisant Roger Caillois par exemple, « l’Homme et le sacré ». L’auteur, un des plus perspicaces anthropologues du siècle dernier, y montre que la fête et la guerre sont de même nature : on y transgresse des interdits. Dans le cas de la guerre, l’interdit du meurtre. Lequel d’ailleurs est en train de tomber, dans les lycées états-uniens, ainsi qu’un fait divers récent l’a montré. Ce précurseur des guerres de l’avenir a étalé un de ses congénères et en a blessé grièvement dix-neuf ! Un beau début de formation militaire, mais on ne comprend rien sans un minimum de théorie.
Donc, Roger nous montre ce qui ne nous fait pas plaisir. Que la guerre est dans la nature de l’homme. Roger (Caillois) n’est pas n’importe qui. Je vous donne quelques titres de chapitres ? Je proposais bien ces textes à des élèves de 1ère ! Il est vrai qu’ils appartenaient à la race des berrichons, race éminemment supérieure puisqu’elle a donné à la France, Pierre-Valentin Berthier, Louis Lecoin, Thérèse Collet, et, sur le tard, Marius Jacob. Sans compter Romain Guignard, qui a sauvé Gaston Couté de l’oubli ! Nous sommes le peuple élu ! Nous sommes les juifs authentiques ! Tous les autres sont des imposteurs.
Bon, je vous sens impatients. Voici la thèse de Caillois. Nous aimons transgresser les interdits ! C’est évident lors des fêtes. Beaucoup de gens refusent de croire que la guerre est le prolongement naturel de la fête. « C’est le temps de l’excès, de la violence, de l’outrage ». On entre enfin dans la « joie de la destruction », dans le temps du « grand gaspillage », sacrilège suprême. Ca n’empêche pas de rester pacifiste ! Pour le principe !
Or, cette observation avait été montrée par Emmanuel Leroy-Ladurie, et principalement dans « Le carnaval de Romans » mais aussi dans « Montaillou village occitan »… C’était deux sérieux avertissements.
Et voilà que les femmes s’y mettent. Elles gémissent qu’il y aurait des « violences dans l’armée ». La belle affaire ! Et la belle découverte aussi !... Alors pourquoi se sont-elles engagées dans cette profession de tueuses en séries ? De violeuses à tours de bras ? Rien, dans la loi française, ne les contraignait à envisager cette activité. Elles ont ce qu’elles méritent. J’ai déjà suggéré que l’on entraîne le personnel féminin de l’Armée française, à la vraie guerre. Elles ne veulent rien entendre ! Pourtant, c’est le moment ou jamais ! Profitons du centenaire de la guerre de 14, pour respecter enfin la parité !
Recommençons enfin la Première Guerre Mondiale, avec uniquement des femmes. Qu’on rétablisse la mobilisation générale, au moins une fois ! Qu’un garde champêtre passe dans tous les villages de France, dans tous les quartiers, et on verra enfin si la femme est l’égale de l’homme. Après tout, on a déjà eu une femme comme Ministre des Armées.
Les hommes resteront à l’arrière. Ils prépareront des petits plats pour leurs femmes poilues ! Ah ! Ils souffriront de l’absence, de la solitude… Ils conduiront les enfants à l’école, ils iront faire des prières à l’église. Ils gémiront, en fabriquant des obus. Ils seront l’objet de chansons populaires, comme l’était la Grosse Bertha, la Madelon. Il suffira de changer les prénoms. Plus tard, lors de la seconde guerre dite improprement mondiale (à ma connaissance, ni les Inuits, ni les Pygmées, ni les aborigènes de Nouvelle Zélande n’ont participé à ce carnage patriotique) les hommes iront faire sécher leur linge sur la ligne Siegfried. A condition que leurs femmes aient dégagé le terrain.
J’étais parti pour engager une réflexion philosophique sur le phénomène de la guerre. Et je sens bien que les plus en pointe des féministes ne m’approuvent que très mollement. Les féministes en pointe, ou plus exactement en casques à pointe !