Qu’ont-ils donc encore à nous dire, tous ces abrutis télévisuels ?
Après Dieudonné, après Schumacher, après les inondations, avec quoi vont-ils nous inonder ? Que vont-ils trouver pour nous étouffer, nous bâillonner encore davantage ? Il suffit, il est vrai, d’un rien. Par exemple, cette affaire Buisson. De quoi s’agit-il exactement ? De deux crapules qui, ayant formé un gang, se désunissent, suite à la trahison de l’un des protagonistes. Or, c’est une histoire vieille comme le monde. On a envie de répondre que ça s’est toujours passé comme ça, dans le monde de la politique, dans le monde des mafias, qu’il y a toujours eu des hérétiques dans toutes les églises et des chefs qui ont voulu se la jouer en solo.
Alors, on attend ! On attend la suite. Sauf qu’il n’y a pas de suite. Peut-être les élections municipales ? Justement, là aussi, ça déconne. Dans des dizaines de communes, il n’y a plus de candidats aux mairies. Quelques ahuris se présentent encore, en espérant bomber le torse devant d’hypothétiques caméras. Car, là aussi, le spectacle n’est plus assuré. Et puis, ça paye deux fois rien, la place de maire dans une petite commune. Les sous chefs de bureau, les sous escrocs, les sous élus d’intérêt local, ils se ramassent tout ce dont les autres, les glorieux ancêtres du grand banditisme des urnes, ne veulent plus. Ils leur ont laissé des miettes. Ca fait peine à voir ! Ils étaient si bons, si bien obéissants, ils ressemblaient à des premiers communiants. Eh bien c’est fini. Je vais vous donner des exemples précis.
Mais dans un autre domaine. Comment faire pour acquérir une gloire départementale ?
Peindre, mais seulement le dimanche, on devient peintre du dimanche. Raconter l’histoire de sa paroisse, en dépit de la faible participation aux messes dominicales. On devient alors un historien. Il suffit d’acquérir un minimum de vocabulaire ancien. Par exemple, ne dites pas que Sainte Culotte sur le Fion est à dix kilomètres de Cahute la Bitardière ! Exprimez-vous en arpents, en lieues. Parlez des feux, des foyers, pas des habitants. Vous seriez vite dépistés. Dites un « village de 200 âmes ». Dans l’ancien temps, les âmes se déplaçaient toutes seules, sans les corps. Ah c’était le bon temps ! On étripait son voisin et les gendarmes arrivaient à vélo. On savait se battre avec une simple pelle. On s’enfourchait ! On s’assommait avec un maillet ! On savait fabriquer une armure, pour le cas où Jeanne d’Arc aurait passé dans le secteur. On peaufinait le heaume, la lance, l’arquebuse, et résultat, les artisans avaient du travail :
- Dis, forgeron, j’aurais besoin d’une hallebarde, j’ai un voisin à éventrer.
- Pas de problème ! on va se jeter un coup d’ambroisie… tu repasses vers midi. Je te fournis la hache et l’écu ?
- Non, pas d’histoire d’écu ! ma promise va se méfier. J’aurai plus de femelle à étrangler le jour de la fête des femelles…
Ainsi allait la vie, revue par les historiens locaux. On en compte 5 à 600 par département. Autant de groupes de musik’trad’, qui s’accompagnent au sound system ! D’ailleurs tous les résidents de nos vieux villages d’autrefois, sont sourdingues. Alors ils boivent pour oublier, quand ils ont fini de boire, ils picolent. Quand ils sont complètement bourrés, ils écrivent de charmantes poésies alcooliques : « Breuvachons mes cochons ». Ou encore « Jouons de l’arquebuse, la bite dans la cambuse. » Sans compter « Papaoutai » une fine épigramme, quasiment élégiaque. On défile dans les rues des villages. Il n’y a d’ailleurs plus personne aux fenêtres. Il n’y a plus d’habitants dans nos villages. Ils ont été asphyxiés par Mr Monsanto. C’est une sage mesure, ils n’auraient plus jamais retrouvé du travail. La dernière usine a été fermée dans mon chef lieu d’arrondissement.
Du coup les anciens travailleurs se sont assis par terre, avec une petite écuelle. Les jeunes, en passant, leur piquent les quelques piècelettes qu’on avait abandonnées… Ainsi va la vie dans nos chefs lieux de canton.