L’autre jour, l’ami Jean et sa sœur Bernadette sont venus déjeuner chez moi. J’avais, pour l’occasion, acheté trois beaux steaks probablement hallalisés car provenant de la boucherie du coin, la seule ouverte, dans un quartier populaire de Paris. De son côté, l’ami Jean avait pensé à la boisson et apporté une bonne bouteille de vin rouge venue de l’épicerie casher dudit quartier, la seule encore ouverte ce jour-là. Pour faire bonne mesure, et en plaisantant, Bernadette avait pris soin, à l’aide d’un couteau, de faire le signe de croix sur la baguette de pain avant de la couper en tranches.
Depuis ce jour et ce repas funeste où les dieux nous bénirent malgré nous, la contamination opère. Il ne nous est plus possible d’entretenir une conversation sans qu’elle tourne illico à l’engueulade et au pugilat. Le conflit israélo-palestinien, les cantines scolaires, le mariage des prêtres, tout nous oppose désormais, quand nous étions naguère d’accord sur tout, du temps où nous déjeunions ensemble chez Roger la Frite en bouffant du curé à toutes les sauces.
Bon appétit !…
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