Phénomène inédit, la mortalité a atteint 50 à 100 % dans certains ruchers. Des apiculteurs témoignent :
Un désastre. Apicultrices à Richemont (Charente), Isabelle Geay et Isabelle Garnier oscillent entre la tristesse et la colère. À la sortie de l'hiver, la première a découvert une mortalité de 100 % dans ses six ruches, en contrebas de sa maison. Seulement 9 des 27 ruches de la deuxième, semées autour de Cognac (Charente), sont encore actives, mais fragiles.
Les malheurs des abeilles ne sont pas nouveaux. « Il y a vingt ans, on posait un rucher au fond du jardin, sans s'en occuper, on récoltait 80 kg de miel. Aujourd'hui, si on arrive à 12 kg, on est content », relève Isabelle Garnier. Mais l'ampleur de cette mortalité hivernale, habituellement située autour de 5 %, est inédite.
Le phénomène n'est pas isolé. Adhérente du syndicat apicole de Charente-Maritime, Isabelle Geay participait le 28 février à une réunion lors de laquelle de nombreux collègues ont fait le même constat : l'un a perdu 25 ruches sur 45, un autre, sur l'île d'Oléron, 75 % de ses 80 ruches…
Dans la foulée, le président Christian Giraudet a envoyé un courrier d'alerte à la Direction départementale des populations, ainsi qu'à la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal et celui de l'agriculture, Stéphane Le Foll.
La mortalité a atteint 50 à 100 % dans certains ruchers. Les pesticides suspectés.
La filière en est au stade du recensement et des analyses. Les symptômes sont curieux. Isabelle Geay a retrouvé des ruchers disposant de larges réserves de nourriture, mais il ne restait qu'une poignée d'abeilles mortes. Pas de cadavres non plus au pied de leur logis. Les insectes se sont évanouis dans la nature, y compris certaines reines qui, normalement, ne quittent jamais leur nid. Isabelle Garnier en montre une, décédée à six mois, alors que sa durée de vie devrait être de trois ans.