Mardi soir, la directrice de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) a été brutalement démissionnée par notre ministre de la Culture Fleur Pellerin. La raison : le scandale qui, depuis dimanche soir, s’est ajouté à la liste des affaires qui mettent le projecteur sur les liens glauques entre l’audiovisuel public et l’État.
En quelques semaines, c’est la troisième affaire. Après la vente extrêmement louche de la fréquence de chaîne Numéro 23 et la saga Mathieu Gallet à Radio France, c’est Agnès Saal qui déclenche les ricanements plus qu’agacés du public et des médias. C’est que la dame, en 10 mois de mandat à la tête de cette entreprise publique, a dépensé pour 41.000 euros de taxi. Entre autres choses, sans doute, mais pour l’heure, c’est tout ce qu’on sait et c’est déjà pas mal.
Comme dans quelques affaires qui ont nourri la rumeur ces derniers mois (CGT, etc.), c’est parti d’un courrier anonyme émanant certainement de subalternes écœurés. À la veille d’une réunion des instances dirigeantes, une lettre a été adressée aux administrateurs qui disait : « Plusieurs salariés souhaitent vous alerter d’un grave dysfonctionnement au sein de cette entreprise en vous communiquant des éléments pouvant relever d’abus de biens sociaux. » L’accompagnait un rapport de 68 pages détaillant les dépenses « taxivores » de la patronne, et même des factures détaillées révélant des phénomènes… paranormaux. En effet, comme l’écrit Challenges, « un étonnant don d’ubiquité permettait ainsi à la présidente de l’INA de voyager dans… deux taxis à la fois ».
L’affaire étant révélée dimanche, l’intéressée s’est défendue : « En tant que PDG de l’INA, j’ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j’ai également un abonnement aux taxis G7, car je n’ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l’ai repris. » Repris et augmenté, et même élargi à la famille puisqu’on relève 6.700 euros pour le compte de son fils.