C’est un triste constat, mais le niveau intellectuel des ministres baisse de semaine en semaine.
De jour en jour. On avait eu Fleur Pellerin, ministre de la culture, qui avait imprudemment avancé le nom de Patrick Modiano parmi ses auteurs préférés. Et qui se montrait incapable de citer un seul des ses livres. Maintenant on est devant un cas. Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat à la famille est inquiète pour la moralité des jeunes. Elle n’a pas bien compris Patrick Sébastien qui avait chanté une chanson où il est question de pipes. A-elle voulu se faire une pub ? Je ne la crois pas suffisamment fine pour avoir eu des intentions de ce genre. La chanson de Patrick Sébastien comportait les noms de Maigret, de Simenon, de Brassens, du capitaine Haddock Ces noms seraient-ils obscènes pour madame la ministre ? Instruisons-là puisqu’elle est manifestement en manque. La pipe, dans le sens de « fellation » est une création sortie de l’imaginaire fantasmé de cette pseudo ministre. Cette rossignole de ses amours, emportée par une pulsion de nature zoophile, et même plus spécialement éthologique, m’a l’air d’être un drôle d’oiseau. Qu’elle ouvre un dictionnaire, et spécialement celui du « Français non conventionnel » (Alain Rey, en vente partout). Elle pourra lire l’origine du mot qui lui est venu à la bouche. Et elle pourra se guérir de ses tendances perverses qui sont indignes d’une secrétaire d’état à la famille. Elle apprendra que le verbe « piper » signifie « tromper » (sur la qualité de la marchandise). Mais je n’ose pas croire que cette oiselle élyséenne soit dépourvue d’intentions frauduleuses. Et je passe tout de suite à l’explication suivante. En effet, Alain Rey fait observer que le mot « piper » a le sens de « sucer ». Je rappelle aussi le mot de Clemenceau à propos de la mort de Félix Faure : « Il voulait être César et il est mort Pompée ». Madame Rossignol nous suit-elle encore ? J’en profite pour lui rappeler, à une demi quinzaine de jours de la mort de Patachou, l’existence d’une chanson très subtile intitulée « La Bague à Jules ». C’était au temps où les ministres savaient lire, écrire et compter. La « bague » peut être remplacée dans ce cas par la « bagouse » et je laisse la rossignole fouiller l’anatomie humaine. Si je reviens au sujet précis qui a provoqué le courroux de l’oiseau de nuit, je précise que l’origine du mot remonte à 1948. Encore, dit Alain Rey, (et non Alain Raie !) cette étymologie est-elle incertaine. Si nous admettons la gourmandise de ce laostic (nom du rossignol au Moyen Age, et immortalisé par Marie de France, dans le lai du Laostic) il nous faut bien admettre que la pipe est un dérivé du pénis. Encore Alain Rey n’accepte-t-il pas cette origine. Pour pousser plus loin l’éducation des ministres, je rappelle l’expression « tailler une pipe » ou « tailler une plume » ce qui serait en accord avec la nature de cette étrange secrétaire d’état. Mais je finirai par l’explication psychanalytique qui a la préférence de mon étymologiste préféré : « on préfèrera un emploi métaphorique de la pipe (celle que l’on fume entre personnes bien élevées) qui est, nous dit encore Alain Rey, justifiée par les expressions « avaler la fumée » et « fume c’est du belge ».