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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 09:38

Quand il voit le jour dans un taudis de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) où vivent dans une pièce de 18 mètres carrés sa mère et ses six frères et sœurs aînés, le père ayant quitté le foyer six mois avant sa naissance, le petit Philippe Rasti-Val semble déjà promis à la vie de galère des enfants de pauvres… si l’on en croit du moins les affirmations des sociologues, qui avancent sans preuves que les chances de réussite se révèlent moindres à mesure qu’on descend sur l’échelle des origines sociales.

L’absence de père, les maigres ressources d’une mère femme de ménage obligèrent le jeune Philippe Rasti-Val à abandonner très tôt le cursus scolaire pour le monde du travail. Sans diplôme, il dut se contenter de petits boulots sans grand intérêt et fort mal payés, ce qu’il n’aurait sans doute pas vécu s’il avait été, par exemple, fils de commerçants de Neuilly… si l’on en croit du moins les écrits des sociologues, qui affirment un peu vite que les chances de réussite s’améliorent à mesure qu’on a des parents situés financièrement dans le haut de l’échelle sociale.

Après une parenthèse de chanteur anarcho-gauchiste, il se mit à cracher régulièrement sur les chevelus-barbus qui avaient jusque-là composé son public. Parvenu à l’âge qu’on dit raisonnable, tournant le dos à ceux-là qui avaient assuré son succès, il préféra dès lors fréquenter le côté du manche, s’assurant la belle amitié de gens qui comptent, des Jean-Luc Hees, des Carla Bruni, des Laurence Parisot. « Je me sens parfaitement bien au Medef et je suis content d’y avoir été invité », déclarait-il ainsi, à l’été 2007, sous le soleil de Jouy-en-Josas. Evidemment, de mauvaises langues allaient aussitôt laisser entendre que ses nouvelles fréquentations avaient sans doute joué dans la nomination de ce Bel-Ami de la Sarkozie, deux ans plus tard, à la direction de France Inter… si l’on en croit du moins les allégations des sociologues, qui prétendent sans véritable fondement que les relations mondaines avec les décideurs ouvrent davantage de portes que la fréquentation des gueux et des ribaudes.

Rien de tout cela n’est vrai, bien sûr, et si certains éléments vous font penser à un personnage réellement existant, cela ne peut être que le fruit du hasard.

Aujourd’hui, dans un ouvrage vengeur* où sont vilipendés les propos des sociologues, considérés comme de nouveaux Khmers rouges, Philippe Val répond qu’il est faux de prétendre que mieux vaut, à la naissance, être déjà riche et bien portant plutôt que pauvre et malade. Ignorant manifestement qu’on puisse apprécier de se cultiver sans avoir les dents longues et acérées, qu’on puisse intellectuellement s’élever en cultivant tout à la fois le refus de parvenir, il croit faire l’apologie de la responsabilité individuelle, stupidement opposée à un certain déterminisme social, quand tout son petit traité de parvenu n’est qu’une tentative teigneuse de justification de son ambition démesurée et le reflet de l’inévitable malaise qu’entraînent parfois, chez eux, les saloperies forcément commises par les arrivistes forcenés.

* Malaise dans l’inculture, de Philippe Val, Grasset, 2015.

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