Suite à la diffusion du reportage "Nucléaire, la politique du mensonge ?" et à l’interpellation du député Denis Baupin, le Ministère du Développement Durable a annoncé avoir diligenté une enquête. Cependant, celle-ci est uniquement destinée à établir les circonstances de l’accident et identifier l’information dont ont bénéficié les autorités de contrôle [1]. Cette étape est certes indispensable, mais insuffisante tant que les responsables, tels Marcel Boiteux, ancien président d’EDF, continuent à bénéficier d’impunité.
Surtout, cet accident n’appartient pas au passé. Le rôle des autorités ne devrait-il pas être de protéger les populations qui, 35 ans après, vivent actuellement sur un territoire très probablement contaminé ?
D’inquiétantes zones d’ombres
De plus, une note publiée le 18 mai par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) fait état d’informations préoccupantes. Il est fait mention d’une surveillance radiologique effectuée jusqu’en 1994 par le Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), celui-ci s’étant rendu tristement célèbre pour avoir dissimulé aux Français les impacts réels de l’accident de Tchernobyl en France.
Par ailleurs, l’IRSN indique ne pas disposer "d’élements détaillés sur la production d’effluents et les rejets radioactifs associés aux opérations de remise en état du réacteur", ce qui ne rassure pas quant à leurs impacts éventuels et nécessiterait une enquête approfondie avec recherche dans les archives.
Enfin, cette note mentionne que le plutonium retrouvé dans les sédiments ne serait pas attribuable à l’accident de mars 1980, mais à un autre accident survenu un mois plus tard, à savoir l’"éclatement d’un conteneur renfermant un élément combustible non étanche" ! Si cette information se vérifie, faut-il en conclure que le déversement de plutonium dans les fleuves était monnaie courante à l’époque ? Enfin, quelle que soit l’origine de cette pollution au plutonium, elle représente un risque pour la santé humaine.