25 juillet 2015
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Le tour de France cycliste était une épopée en 1957, ainsi que l’avait écrit Roland Barthes. Il parlait donc aux français, il utilisait leur langage. Et ça a duré dans les années 60. Alors que s’est-il passé pour qu’on s’emmerde autant devant son téléviseur depuis une vingtaine d’années ? Le mythe, les héros légendaires ont disparu. Et d’abord le Tour ne se court plus à vélo. Les coureurs ont été contaminés par les voyages organisés. Les coureurs prennent l’avion, comme tous les autres citoyens de ce monde en folie. Ils ont choisi la facilité. Le tracé du Tour est complètement décousu. Les étapes commencent à Bourg en Brenne et finissent à Saint Sulpice les Petites Feuilles. Que peut-on faire avec ces noms à la con ? Ensuite, les coureurs manquent d’enthousiasme, comme dans les autres professions. Les coureurs n’ont plus la foi, la foi qui déplace les montagnes. Le Tour de France est l’image d’une société où l’on s’emmerde longuement, avec férocité. Les années 50-60 étaient plus heureuses, plus satisfaisantes pour l’esprit. Probablement parce qu’on n’était moins perdu sur cette planète. Le tour de France apparaissait comme rassurant. La France, on pouvait encore en faire le tour. En 2015, allez faire le tour des multinationales ! La France tournait en rond et les français tournaient rond. Et d’ailleurs l’itinéraire du tour de France reproduisait chaque année, les frontières de l’hexagone. A peu près. Comment voulez-vous suivre le tour de France, alors que les agences de voyages vous abreuvent de « voyages » clés en mains ? Vous aurez l’air d’un attardé si vous parlez de la France !!! Pourtant de Gaulle et tous les Résistants faisaient l’éloge de la France. La vraie Résistance, c’est aujourd’hui d’aimer la France. Dans les années cinquante on écoutait le tour de France à la radio. Et c’était une sorte de survivance de radio Londres. Combien sont capables en 2015 d’accepter les frontières ? Les frontières n’ont jamais provoqué les guerres, et la preuve : dans cet univers sans frontières, il y a des guerres un peu partout. Retour au tour de France. Dans les années cinquante les équipes régionales sont encouragées. Et les coureurs ont des spécialités : grimpeurs, descendeurs, routiers sprinters, rouleurs, spécialistes du contre la montre… dans les années cinquante, les coureurs sont désignés avec des épithètes de nature. Comme dans Homère. Il existe un « pédaleur de charme » (Koblet) un « archange de la montagne » (Gaul) un aigle de Tolède (Bahamontès). Et surtout des journalistes comme Antoine Blondin !
Le tour de France n’existe plus que par sa caravane publicitaire. Le tour de France est en vente. Le tour de France est en promo. Le tour de France est en solde. Profitez des prix de l’été 2015… le tour de France se meurt, le tour de France est mort…
Publié par ROLLAND HENAULT