Le six avril dernier, une révolution s’est déroulée à la Chambre… pardon, à l’Assemblée nationale. Une « révolution dans les consciences », comme diraient de façon sentencieuse les nouveaux pharisiens puritains du bien-penser. Désormais, le client de prostituée encourt une punition inscrite dans le Code pénal !
Les contempteurs de la prostitution dénoncent, à juste titre, les conditions d’exercice de celle-ci. Il est intolérable que la prostitution soit l’objet de trafic d’êtres humains et de mauvais traitements. Cela est recevable pour toute activité ! La loi prévoit déjà tout un arsenal pour lutter contre le proxénétisme et l’esclavagisme. La France a la fâcheuse tendance à inventer de nouvelles lois avant d’ap-pliquer les anciennes.
Mais la nouvelle loi n’a pas réellement pour but de mettre fin aux sordides trafics de filles. La prostitution est insupportable pour une partie des féministes qui y voit, non pas une façon de « disposer librement de son corps », mais la domination masculine sur la femme. Cette conception de la prostitution relève d’idées préconçues orientées. Elle oublie déjà qu’il y a des prostitués hommes, minoritaires sans doute. Elle omet surtout qu’il y a une autre prostitution que celle relevant de la misère sordide. Il n’est pas convenable, en ces temps de puritanisme pharisien, d’affirmer qu’il y a une prostitution heureuse, dite « haut de gamme », qui ne fait pas le trottoir des villes mais plutôt les salons de palaces. L’escort-girl, version contemporaine numérisée de la courtisane, n’est ni paumée ni battue, a fait des études, cumule un emploi respectable et son commerce interlope la nuit. Cette belle de jour existe, n’en déplaise aux moralisatrices bégueules, et c’est elle qui mène la danse. La demi-mondaine choisit ses clients et n’a de compte à rendre qu’à elle-même. Elle n’est pas plus dépendante financièrement que ne le sont des millions d’autres femmes de leur mari. Que pensent les féministes abolitionnistes des femmes riches qui s’offrent les services d’un gigolo ? Pourquoi s’en prennent-elles uniquement aux clients hommes ? Depuis cette nouvelle infraction, le client doit battre sa coulpe, culpabiliser et se soumettre à la toute-puissante doxa féministe.