Prenons la question du logement, comme dirait Engels. Les nouvelles se suivent et se ressemblent. Toutes les grandes villes coûtent entre dix et trente mille du mètre, et l’espace disponible par pipe ne cesse de diminuer. Yahoo.es vante les raisonnables trente mètres carrés zen de New York qui coûtent 800 000 dollars, en ajoutant sans rire que ça suffit comme ça d’exiger plus – de mètres carrés, pas de dollars.
Sur Paris (plus de onze mille du mètre en moyenne, un trente mètres carrés dans le quartier latin vaut 600 000€), on pouvait lire ceci :
« Les Parisiens doivent se contenter de peu. Un habitant de la capitale dispose en moyenne d’une surface de 31 mètres carrés pour vivre, selon une étude de l’Insee, publiée mardi. »
Je connais comme cela la nièce d’un ami qui vient de s’acheter un dix-neuf mètres carrés dans la capitale pour 200 000 euros. Elle passera sa vie à rembourser un pigeonnier. Victime comme toute cette jeunesse de cette bougeotte si utile au système, elle décide d’aller au Canada où l’immobilier a explosé depuis des années. Ce pays compte trois habitants au km2 mais on s’y loge au prix de Monaco.
À Amsterdam, devenue hors de prix elle aussi, on ne peut plus sortir la nuit à cause des émeutes et des destructions. On sait ce qu’il en coûte de vivre en Allemagne où l’immobilier raisonnable jadis a doublé sous Merkel – comme en Autriche ou en Hongrie du reste (+16% par an à Budapest). Cette cherté s’accompagne partout comme à San Francisco d’un effondrement des services. On défèque, on se pique, on plante la tente comme on sait dans cette cité où l’appartement vaut deux millions en moyenne…
L’économie fait souffrir tout le monde ou presque. Mais les gens subissent sans broncher. À Biarritz, les gens fauchés par leur loyer, leurs impôts et leur bagnole s’entassent sur les plages, se brûlent sans crème et bronzent idiots comme jamais – douze heures par jour. Le reste plonge le nez toute la journée dans le portable et un copain me fait observer que les jeunes, sa fille y compris, ne parlent plus, ne téléphonent plus. Ils tweetent six cents fois par jour. C’est comme ça. La société est devenue la Grande Muette à son tour, toute aussi lâche et dégénérée que l’autre transformée en mercenariat à la solde du mondialisme.
Le nazisme avait créé un peuple de zombies en augmentant toujours les taxes, et en légiférant sur tout le détail (le bétail) de la vie quotidienne : fumer tue, le tri sélectif, le recyclage, la limitation de vitesse à 80 ; le harcèlement sexuel et le reste. Et comme le dit toujours Tocqueville :
« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »