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10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 11:16

Le week-end dernier, à Cotonou, un rassemblement massif de l’opposition béninoise a dénoncé « la mort programmée de la démocratie dans leur pays » et les « dérives » du président Patrice Talon (élu en avril 2016). Parmi celles-ci, le tapis rouge offert aux investisseurs chinois…

Revenons en 2014. Cette année-là, 178 kilomètres de voie ferrée furent réalisés de Niamey à Dosso, marquant la reprise d’un projet datant de l’époque coloniale : une boucle ferroviaire devant relier Abidjan à Cotonou en passant par le Burkina Faso et le Niger – deux pays enclavés au cœur de l’Afrique de l’Ouest.

Puis tout s’arrêta.
La malédiction africaine reprenait ses droits.
De quelle manière ? A cause d’un homme d’affaire béninois qui avait surgi et exigé de se faire attribuer le contrat. Il s’ensuivit un imbroglio judiciaire où le groupe Bolloré se fit débouter par la justice béninoise. Puis le coup de grâce fut porté au début de cette année quand le président Talon, le nouveau chef d’État béninois, décida d’écarter définitivement Bolloré, dont il qualifiait le projet de « bas de gamme » (!), au profit… des Chinois. Avec le défilé des valises de dollars, consubstantiel de leur diplomatie économique, l’« installation-colonisation » des Chinois au Bénin s’accompagnait, comme partout en Afrique, du développement d’infrastructures prestigieuses : ici la construction d’une voie ferrée, ailleurs celle d’aéroports, d’échangeurs routiers, de palais présidentiels, de stades…
Au Niger voisin, le défilé des valises avait permis d’annuler le résultat d’un appel d’offres portant sur la réalisation du barrage de Kandadji, projet majeur pour l’État nigérien : le groupe de BTP marocain initialement retenu avait été remplacé, sans le moindre état d’âme et à la demande expresse du président Issoufou, par un groupe chinois.

Jadis au Niger, un acacia isolé au milieu du Ténéré faisait office de repère pour les caravanes qui traversaient le désert. En 1973, le célèbre arbre du Ténéré (seul arbre à avoir été représenté sur les cartes IGN et Michelin) fut renversé par un camionneur libyen ivre. C’était un mauvais présage.
En 2018, l’arbre qui pousse au milieu des rails de Bolloré n’est pas non plus un bon présage : il représente trop la malédiction, doublée d’un fatalisme indécrottable, qui pèse sur tout ce qui pourrait contribuer au véritable développement de ces pays – développement de projets réellement utiles, raisonnables et reposant sur le long terme ; développement qui ne soit pas un prétexte à une nouvelle forme de sino-colonisation mais visant au bien commun, et non à engraisser davantage quelques fortunes locales…

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