La Wikipédia anglophone, avec ses 9 milliards de pages vues par mois dans le monde, est gérée par seulement 500 administrateurs actifs, dont la véritable identité reste souvent inconnue.
Des études ont montré que 80 % du contenu de Wikipédia est écrit par 1% seulement de tous les rédacteurs. Il ne s’agit ici encore que de quelques centaines de personnes, pour la plupart inconnues.
Une structure aussi opaque et hiérarchisée est évidemment susceptible de corruption et de manipulation, les fameux « rédacteurs payés » engagés par les entreprises n’en étant qu’un exemple.
En effet, dès 2007, des chercheurs ont découvert que des employés de la CIA et du FBI modifiaient des articles de Wikipédia sur des sujets controversés, notamment la guerre en Irak et la prison militaire de Guantanamo.
Toujours en 2007, des chercheurs ont découvert que l’un des administrateurs anglais de Wikipédia les plus actifs et les plus influents, appelé(e) « Slim Virgin », était en fait un ancien informateur des services de renseignement britanniques.
Plus récemment, un autre rédacteur très prolifique de Wikipédia, du nom de « Philip Cross », s’est avéré lié aux services de renseignement britanniques, ainsi que plusieurs journalistes de grands médias.
En Allemagne, l’un des rédacteurs de Wikipédia les plus agressifs a été démasqué, après une bataille juridique de deux ans, en tant qu’agent politique ayant servi dans l’armée israélienne en tant que volontaire étranger.
En Suisse même, des employés du gouvernement non identifiés ont été pris la main dans le sac en train de « nettoyer » des entrées Wikipédia concernant les services secrets suisses juste avant un référendum public sur l’agence.
Le but premier de ces campagnes secrètes semble être de légitimer les positions des gouvernements occidentaux et israélien tout en compromettant la réputation des journalistes et des hommes politiques indépendants. Les articles les plus touchés par ce type de manipulation touchent à des sujets politiques, géopolitiques, à certains sujets historiques ainsi qu’à des biographies d’universitaires, de journalistes et de politiciens hors système.
Sans surprise, le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, ami de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et « young leader » du forum de Davos, a défendu ces opérations à plusieurs reprises.
En parlant de Davos, la fondation Wikimedia a elle-même amassé une fortune de plus de 160 millions de dollars, donnés en grande partie non pas par des étudiants faméliques, mais par des corporations américaines de premier plan et des fondations influentes.
L’actuelle PDG de Wikipédia, Katherine Maher, a travaillé au Conseil américain des relations étrangères (CFR) ainsi qu’à un sous-groupe de la National Endowment for Democracy (NED).
Les médias sociaux et les plateformes vidéo américaines se réfèrent de plus en plus à Wikipédia pour recadrer ou réfuter les sujets «controversés». Les faits évoqués ci-dessus peuvent aider à comprendre pourquoi.
Edward Snowden, le lanceur d’alerte de la NSA, avait révélé comment des agents d’influence manipulent les débats en ligne ; plus récemment, un cadre supérieur de Twitter s’est avéré un officier « psyops » de l’armée britannique.
Pour ajouter au moins un certain degré de transparence, des chercheurs allemands ont mis au point un outil de navigation gratuit appelé WikiWho qui permet de repérer par un codage coloré qui a modifié quoi sur Wikipédia. Dans de nombreux cas, le résultat paraît aussi troublant qu’on se l’imaginait.