A la manière de Louis-Ferdinand Céline
…ça soufflait d’enfer…un blizzard grave…côté de Bezons ça accourait…et dru, cycloneux tempêteux… ça sentait le naufrage grandiose…roulis et compagnie…tribord toute et prière des agonisants… avec passagers ventre à terre… les toits balançaient, sautaient, hésitaient, retombaient à leur place finalement…vaisseau fantôme… et Bébert dans son sac…impassible…un sphinx… les bêtes ça sait mieux que nous…résistants vrais…pas agités à la mords le zob…résistants patriotes en chatterie… toujours l’œil ouvert sourcilleux…voilà une vieille dans la rue…une feuille morte elle tourbillonne…toute seule son vélo qu’elle avance avec…enfin qu’elle essaye ah quelle bagarre…la vioque se bat contre les éléments…virevolte…à elle seule toute égrotante pourtant…rien qu’avec son tacot ferraillant…elle veut la monter la côte…elle l’aura à l’usure…les rafales la repoussent d’un mètre chaque fois…s’en fout…elle se cabre avec son canasson…c’est une coriace…se rendra pas…se bat pour l’honneur…c’est sa guerre à elle contre le vent…elle a toujours fait ça…la vie par vent contraire… ça gémit mugit énorme… c’est un déluge…craque de partout…regarde La Vigue je dis…regarde…c’est sur Asnières à présent… les fusées… regarde je te dis… la belle bleue La Vigue…Bébert a pas moufté…s’en fout…ronronnant s’en va vers son destin…sans faire d’histoires…et la vieille debout cette fois le vélo lui échappe il s’envole…la vieille décolle avec…lâche pas le morceau…bruits de partout boucan à éclater le tympan…vraoum…braoum…en voilà d’autres des nuages… de la suie on dirait… ils sont à Courbevoie cette fois…je le reconnais le ciel de Courbevoie…faut être de là bas…né natif…Rampe du Pont…j’ai fait un pas…un seul pas…prends un manteau que m’a dit mon oncle…prends un manteau…des temps comme ça petit…un manteau…encore un autre manteau… oui par dessus…c’est pas les manteaux qui manquent…