Cela s’est passé mardi 12 janvier près de Belleville, à Paris. En retard pour la représentation qu’elle donnait le soir même, Rayhana, comédienne et auteure de la pièce A mon âge, je me cache encore pour fumer, marche à vive allure lorsque deux individus s’approchent d’elle pour l’asperger d’essence, l’un d’eux lui jetant ensuite son mégot de cigarette au visage.
L’auteure s’en tire avec quelques brûlures dans le cou. Mais, selon la Maison des Métallos, où se joue la pièce depuis le 8 décembre, l’agression physique, qui s’est doublée d’une agression verbale quelques jours auparavant, « laisse peu de doutes sur le lien existant entre cette tentative d’homicide et les représentations en cours ».
De quoi s’agit-il ? Première pièce montée en français par Rayhana, A mon âge, je me cache encore pour fumer met en scène 9 femmes algériennes dans un hammam d’Alger. Amours, violence domestique et vie quotidienne post-guerre civile constituent le nerf des conversations. Suffisant pour provoquer l’ire des agresseurs contre une pièce qui connaît un joli succès auprès du public ? «Peut-être, glisse l’auteure, qui s’avoue volontiers féministe. Je n’ai jamais eu de problème auparavant. Et l’on ne peut pas dire non plus que ma pièce soit politique. Maintenant, je veux continuer, parce que nous sommes dans un Etat de droit, et pour montrer que je n’ai pas peur d’eux, que l’intimidation, ça ne marche pas.»
Y a-t-il un lien à établir, comme l’ont suggéré plusieurs médias, avec la mosquée réputée particulièrement rigoriste située en face des « Métallos » ? «Il faut se garder de tout amalgame, souffle Christophe Girard, l’adjoint à la culture à la mairie de Paris qui a «tenu à être présent» à la conférence de presse organisée ce jeudi. Une enquête est en cours, et l’intégrisme a souvent bon dos. On verra bien.»
La Maison des Métallos et la compagnie ont de leur côté décidé de poursuivre les représentations jusqu’à leur terme, samedi 16 janvier.
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