Cette semaine nous avons eu droit à un renouveau du lexique politique, que c’en est une merveille de poésie. Il faut absolument vous tenir au courant. D’abord, le « cadencement ». Une belle trouvaille ! Qui vient de l’observation d’un phénomène particulièrement difficile à déceler : les voyageurs retiennent plus facilement les horaires des trains quand ils sont rythmés. Exemple : un TGV qui va de gare en gare selon un horaire dont le chiffre se termine toujours par un 2, ne se trompe plus jamais ! Avec un 3 ? c’est la pagaille, les voyageurs sont désorientés. Les voyageurs, il faut dire, sont particulièrement stupides, et incapables de mémoriser plus d’un seul chiffre ! Même si l’horaire est indiqué sur le billet ? Hélas oui ! C’est parce que les voyageurs (on appelle désormais ainsi les pauvres types qui se rendent à leur travail) sont frappés par l’illettrisme ! Heureusement, rythmés par la cadence, ils retrouvent miraculeusement la mémoire, pourvu que ce ne soit pas compliqué !
Le cadencement est donc une simplification et si les gens n’étaient pas si bêtes, ils comprendraient que sur les lignes où circulent les TGV et les omnibus en même temps, il faut bien que les plus rapides s’arrêtent pour attendre les gros lourdauds chargés de prolétaires.
Dans l’état actuel de la dette, on ne peut pas se payer le luxe de pousser les omnibus et les trains express avec les TGV. Ca ferait des histoires avec les Droits de l’Homme.
L’exemple le plus souvent cité c’est celui du réseau Sud-Est, vers Le Creusot et Mâcon. Là-bas, il y a trop de trains cadencés ! Et dans ces régions, les indigènes, abrutis par le vin de Bourgogne, sont très bêtes. Ils voudraient s’arrêter dans leurs gares à eux, comme avant ! Malheureusement ils sont nerveux, toujours à cause de l’alcool, en plus d’être bêtes ! Ils s’agglomèrent et rompent la cadence. Ils n’ont pas compris que la cadence était une danse ! Un tango plus précisément, deux pas en avant et un pas en arrière ! Pauvres types, va !
C’est pour améliorer le travail des cheminots. Sauf que les cheminots, ils ne comprennent pas non plus. Les seuls qui comprennent sont ceux qui connaissent la musique. La belle musique qui fait renter le bon fric dans les grandes poches, celles des maîtres du monde, et des « idiots de service » comme on les appelle désormais. Les idiots de service, c'est les gouvernants qui ne gouvernent rien, mais qui s’empiffrent. Ils ne risquent pas de dégueuler leurs sandwichs SNCF, même en cadence, puisqu’ils ne prennent jamais le train.
Et ceci nous entraîne au fameux AAA ! Encore une nouveauté, puisqu’on n’en parlait jamais avant 2011 ! C’est (je cite) « une abréviation qui constitue la plus haute notation des valeurs cotées en Bourse ». Et le risque de non-remboursement. Elle dépend d’une filiale de Mc Graw-Hill. Comme vous n’êtes pas milliardaire, mais que ça vous plairait de l’être, pour sauter Carla Bruni, Angela Merkel, les chèvres de Madame Boutin, chacun son tour merde, que ce soit pas toujours les mêmes qui en profitent, sinon où va la démocratie ? Bref les AAA, c’est un attrape con qui vous en fout plein la gueule ! Vous n’étiez pas non plus obligés de placer vos très maigres économies dans les actions et les obligations ! Placer du fric à la banque, chez les pires voyous ! Ah ! Ah ! Ah ! Bien fait pour vous !
Parce que je suis désolé, mais je vous apprends que vous ne serez jamais milliardaire, d’ailleurs, qu’en feriez-vous de ce fric ? Vos grosses pattes de prolétaires ne sauraient pas faire glisser les biftons. C’est un métier que vous n’avez pas appris ! Truand, à ce niveau-là, ça s’apprend !
Heureusement il y a d’autres innovations, question vocabulaire. Par exemple, j’ai entendu « l’embolisation ». Ca, c’est quand vous êtes trop nombreux aux abords d’une gare, à vouloir monter dans le train cadencé ! Vous êtes des mauvais citoyens ! Une embolie de la SNCF, ça doit être une sacrée maladie. Du coup, les « idiots de service » vous en ressortent une autre : vous participez à la « défaisance » du service public. La défaisance, c’est tellement grave, que, du coup, vous n’êtes même plus des « banlieusards ».
Les banlieusards, c’était marrant, ça faisait des films drôles avec Michel Audiard, eh bien c’est terminé. Savez-vous ce que vous êtes devenus ? Je vais vous le dire parce que vous ne regardez même plus la télévision, vous êtes des « Francillards ». Si, je l’ai entendu à deux reprises.
Attention, pour la semaine prochaine, il y aura une interrogation écrite. Apprenez vos leçons, déjà qu’elles sont gratuites, au lieu de bouffer les déchets alimentaires qu’on vous mitonne dans les poubelles des hypermarchés.
Et puis tenez-vous bien ! La prostitution est interdite. Les vraies putes racolent encore du côté de l’Elysée, de Matignon, du Palais du Luxembourg, et, d’une façon générale, partout où il y a des élections. Ce serait dommage d’attraper une sale maladie en vous faisant enculer par Pasqua, alors qu’il est pratiquement hors d’usage.
Bon, on s’est instruit, la prochaine fois, on rigole, en attendant, n’allez pas grimper sur le petit Carlitou, il est plein de maladies sournoises.