A l’occasion de la Journée européenne de la mémoire de l’Holocauste du 27 janvier 2015, des rencontres et des cérémonies se sont déroulées sur de nombreux lieux de mémoire à travers la France, en écho aux manifestations organisées à Auschwitz, Paris et Drancy.
Au camp du Struthof ce même jour, à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, les portes de l’ancien camp de concentration sont restées closes pour cause de… « fermeture annuelle du 24 décembre au 28 février, réouverture le 1er mars 2015″. Jusqu’à cette date, il faudra se contenter d’une visite virtuelle sur le site Internet du Struthof qui, 70 ans après, bien trop souvent ignoré du grand public, peine à sortir de l’oubli…
Bien avant Auschwitz pourtant, que les Soviétiques découvrirent le 27 janvier 1945, le « Konzentrationslager » du Struthof sera le premier camp de concentration découvert par les Alliés à l’ouest de l’Europe le 23 novembre 1944.
Le camp du Struthof en Alsace avait été ouvert en 1941 par les nazis, après l’annexion à l’Allemagne de l’Alsace-Moselle. Selon l’historien Robert Steegmann, 22.000 personnes y ont laissé leur vie et près de 52.000 personnes de l’Europe entière y furent internées, dont de nombreux juifs, mais aussi un fort contingent de Polonais (les plus nombreux), suivis des Soviétiques et des Français.
Parmi ces derniers, on comptait environ un quart d’Alsaciens-Mosellans, souvent des déportés politiques ou des réfractaires au régime nazi, que l’on appellera les « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), nom de code des décrets nazis de 1941, voulant venir à bout des opposants au Reich et, plus généralement, de la Résistance en Alsace et dans les pays annexés ou occupés.
Chaque année, une cérémonie solennelle, commémorative de l’évacuation du camp, se déroule au Struthof le week-end suivant le 18 juin, en souvenir de l’appel du général de Gaulle. Pour le 70e anniversaire de cette évacuation l’année dernière, en plein cœur des cérémonies de la Libération, les survivants du Struthof attendaient pour le moins la présence d’un membre du gouvernement. Mais ni le secrétaire d’État aux Anciens combattants, ni Valls ou même Hollande ne l’avaient noté dans leur agenda…
L’ancien camp est inscrit sur une liste de neuf sites de hauts lieux de la mémoire des guerres contemporaines. Cette décision a été confirmée par le ministère de la Défense en… avril dernier par un arrêté paru au Journal officiel. Il était temps…