Accusés de provocation à la discrimination, les trois militants étaient hier devant le tribunal correctionnel de Perpignan. Trois ans après les faits et après d'innombrables renvois, le procès sur le fond des trois militants qui avaient appelé au boycott des produits israéliens le 15 mai 2010 dans l'enceinte du supermarché Carrefour, a pu enfin se tenir. En début d'après-midi, une centaine de partisans s'était rassemblée devant le palais de justice de Perpignan pour accompagner Bernard, Jeanne et Yamina, inculpés pour 'provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence' suite à la plainte déposée par le Bureau de vigilance contre l'antisémitisme et la Chambre de Commerce France Israël, parties civiles. Que ce soit durant les auditions des trois militants puis par les dires des trois témoins de la défense, l'avocat Antoine Comte s'est efforcé à refuser les accusations d'antisémitisme de ses clients. En clair, on peut appeler au boycott d'une manière pacifique des produits d'un Etat dont on condamne la politique sans être accusé d'acte de racisme. Et Bernard d'ajouter : "L'accusation d'antisémitisme est une insulte à mon parcours politique et citoyen. Quand j'ai appelé au boycott des produits espagnols sous Franco, je n'ai jamais été accusé de quoi que ce soit". Pour Jeanne, "cette campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) n'est rien d'autre qu'un appel au droit international et à la politique affichée par le groupe Carrefour". Quant à Yamina, elle a avoué militer "pacifiquement pour un véritable étiquetage des produits afin que les citoyens sachent si tel ou tel produit provient des colonies israéliennes".
La partie civile a réclamé 5 000 au titre des dédommagements "mais l'enjeu est dans la condamnation car ces provocations, même si elles n'ont pas toujours de caractère antisémite, entraînent une hausse des actes antisémites". Le procureur a demandé la clémence aux juges et "de ne pas aller au-delà de la dispense de peine". La défense a, elle, réclamé un non-lieu et a "refusé toute tentative d'intentionnalité. Cette démarche était civique et non violente. La juridiction est là pour protéger les personnes contre le racisme et non pas contre les produits dont des appels sont lancés au boycott". Délibéré le 14 août. Les trois prévenus sur les marches du tribunal de Perpignan. Jugement le 14 août.