Beaucoup d’habitants des grandes agglomérations (je ne parle pas des soi-disant Parisiens, ils sont tous nés à Labourzy la Motte ou aux Vieilles Charrues à Pédales quand ce n’est pas à Couillasson sur la Treue) rêvent de se retirer à la campagne. Il s’attendent en effet à respirer l’air balsamique des pins, ou la chaude odeur du crottin, tandis que les joyeux ploucs les attendent les bras ouverts, avec des fruits biologiques en veux-tu en voilà et des bonnes à tout faire et même davantage, vierges pour ne pas dire innocentes, s’ébattant naïvement dans les sainfoins en fleurs, en la compagnie de beaux jeunes éphèbes un peu simples, qui ne les ont pas encore tripotées de leurs grosses paluches bonnes à donner de l’avoine au cheval, et résignés au spectacle des juments vues de l’arrière, sans la moindre pensée lubrique…
Et ils se disent, en exhibant un ticket de métro grossi dix fois : « Ah moi les petites françaises, avec les bas de laine, pleins à ras bords, et puis leurs momans, lascivement allongées au pied des meules de foin !... »
Eh bien je voudrais les mettre en garde, je n’ai aucune raison d’être salaud avec ces petits merdeux des villes, qui ne sont pas foutus d’enfiler la traditionnelle épicière à moustaches, ni, sûrement même, la truie ardéchoise, si érotique dans sa porcherie, où elle grogne d’amour en les attendant !
Non, la campagne c’est pas pour vous, les branleurs de l’Avenue George V, les marioles des quartiers chauds, les indics du commissariat du 18ème arrondissement de Paris.
D’abord vous serez accueillis par des nuages énormes, un brouillard d’une incroyable densité, qui vous fera tomber illico ! Et pas de SAMU à l’horizon. Parce que je vais vous le dire, le brouillard, c’est pas du brouillard, c’est du « Round Up » !...non le round up c’est pas un rond point, comme aux Champs Elysées, c’est des fines particules d’un gaz foudroyant qui vous fera tomber la queue pour les mâles et qui vous ratatinera le nichon pour les femelles !
Ensuite, vous aurez droit, si jamais vous survivez, à vos douze séances quotidiennes de pulvérisation contre les plantes adventices.
Car les zurbains sont adventices, à la campagne. Adventices, mais bordel vous avez eu un dictionnaire à « Questions pour un Champion » !
Mais cépatou, comme vous dites pour frimer sur la toile ! Y a aussi les gonzesses !
Vous aurez en fait les policiers, alignés le long des routes, un tous les cent mètres ! Avec la petite gendarmette ? oui, avec la petite gendarmette, sauf que c’est une grosse vache en sabots galoches, qui vous enverra un bon coup de savate dans les joyeuses pour vous apprendre à venir troubler la sérénité des nouveaux paysans industriels, qui sont équipés, eux, dans leurs tracteurs blindés rachetés au Moyen Orient ! Double vitrage et clime superpuissante, ah non, n’allez pas à la campagne !
Les vaches, les cochons, les couvées, vous en avez entendu parler (d’assez loin) à l’école, et vous croyez que ça existe encore !!!
Pauvres gâs, va ! Les vaches, vous pourrez même pas les sauter ! Non ! Parce qu’il faudrait d’abord placer le tabouret bien à sa place et vous avez fait du sport, comme vous dites, mais au jeu de l’amour, comme dit Marivache et ses enfants les Mariveaux, vous êtes nuls !
Ah je vous conseille pas la retraite à la campagne. Oui, je sais vous avez vu, à l’hypermarché, des pédés de campagne !
Z’auriez mieux fait d’apprendre à lire : des « pâtés de campagne »…
Peut-être avez-vous cru pouvoir échapper à vos riches élus, les députasses, les sénateurs, les ministres, les banquiers…Erreur grossière, c’est à la campagne qu’ils ont été élevés, et puis élus par les cochons d’électeurs, pas fins non plus ceux-là ! Ils vont vous pisser dessus dans les urnoirs ! Et puis Chirac, faudra aller en Corrèze pour le voir en vrai ! Sarkozy vous pourrez pas le voir non, il vous faudra un microscope, pour l’apercevoir derrière sa garde perso de 2000 CRS qui l’entourent en permanence ! Evidemment, vous aurez les sénateurs locaux, avec des tenues ravaudées par les SDF du coin, Charasse avec ses vieilles bretelles, qu’il prête aux gosses du Puy de Dôme pour qu’ils en fassent des lance-pierre ! La congelée Royale, qui est frigide comme son nom l’indique, ça vaut vraiment le coup de finir sa vie, étripé par un plouc devenu fou subitement ? Parce que les ploucs, maintenant, ils ont pas seulement la gale, ils ont la schyzophrénie agricole ! Le syndrome du tombereau à betteraves !
Allons rentrez sagement chez vous. Un petit coup dans la forêt de Vierzon ? Bon d’accord, mais après vous décanillez. Prenez le train, une balle perdue, ça arrive, mais pas à tous les coups.
Ah ! Non vous manquez de moëlle pour devenir de vrais ploucs ! Tenez, vous me faites de la peine, je me sers un dixième Rixon ! Vous serez responsable de ma cirrhose !